Renault a annoncé lundi 29 janvier qu'il annulait l'introduction en Bourse
d'Ampère, son entité regroupant les activités électriques et logicielles créée en
novembre dernier. C’est un revirement par rapport aux prétentions affichées du
patron de Renault Di Mes à attirer les investisseurs - spéculateurs du monde entier.
La dure loi du marché
Les conditions du marché ne sont pas réunies donne comme motif Renault. En fait
l’avenir de voitures électriques est aujourd’hui en Europe moins flamboyant
qu’espéré par les firmes automobiles. Les diminutions des subventions publiques à
l’achat des voitures électriques les plus chères freine dès maintenant les ventes de
voitures électriques en Allemagne et probablement en France au cours de l’année
2024.
En Italie la Fiat 500, la voiture électrique du groupe Stellantis la plus vendue en
2022 connaît des difficultés et l’usine historique de Fiat à Turin va fermer trois
semaines du 12 févier au 3 mars 2024 avec 2 200 ouvriers obligés de cesser le
travail.
Les marques européennes sont soumises à une concurrence de plus en plus vive
tant en haut de gamme avec Tesla dont le modèle Y (au prix moyen de 50 000
euros) a été, en 2023, la voiture la plus vendue dans le monde toutes énergies
confondues, qu'avec les marques chinoises qui proposent en Europe des voitures
moins chères que leurs concurrentes directes européennes.
Enfin l’horizon de 2035 comme date d’arrêt en Europe de la vente des voitures
essence, diesel et hybrides se brouille. Les firmes automobiles utilisent toutes leurs
ressources de lobbying pour obtenir à la faveur des prochaines élections
européennes plus de souplesse. Le soutien de l’extrême droite à cette remise en
cause est acquis et les tractations sont avancées avec le PPE qui regroupe la droite
conservatrice européenne.
Les salariéEs trinquent
Voilà l’origine de ces « conditions de marché » pas réunies pour Renault et cela au
moment où les cours des bourses européennes franchissent des nouveaux records.
Les spéculateurs ne sont pas prêts à miser leur argent pour Renault dans le contexte
de cet avenir incertain.
Annulant son introduction en bourse, Renault se prive des quelques milliards
d’euros - le chiffre de 10 milliards d’euros pour valoriser Ampère étant un
maximum peu probable à atteindre – sans modifier son plan et son calendrier de
voitures électriques. Ampere doit toujours réaliser dès 2025 un chiffre d’affaires de
10 milliards d’euros, atteindre l’équilibre financier à cette date , et connaître un
taux de croissance annuel de plus de 30 % entre 2023 et 2031. Et tout cela devrait
donc être autofinancé par les gains de l’entreprise.
Pas de miracle. Les milliards d’euros que Renault ne va pas obtenir des actionnaires
envisagés vont être obtenues par le profit extrait du travail des salarié(e)s.
C’est pourquoi Renault, tout en annulant l’introduction en Bourse, maintient le
démantèlement de Renault en entités découpées et soumises aux contraintes de
leur propre rentabilité. Déjà Di Meo se vante de ses succès financiers, c’est-à-dire de
ce qu’il a réussi à gagner ces deux dernières années sur les ouvriers et les autres
salariés, pour expliquer qu'en 2024 il n’a pas besoin d’argent frais venant de
nouveaux actionnaires.
Introduction d’Ampère en Bourse ou pas, Renault comme les autres firmes
automobiles sont toujours des firmes capitalistes ne trouvant leur source de profit
que dans des subventions publiques provenant de nos impôts et surtout dans le
travail des salarié(e)s C’est bien ce système qu’il faut mettre à bas en socialisant les
activités de production à débarrasser de leur soumission aux actionnaires et à
mettre au service des besoins de la population.