La carte d’identification professionnelle BTP va devenir obligatoire. L’annonce a été faite par le gouvernement la semaine dernière. Tous les intervenantEs sur un chantier, soit près de 2 millions de personnes en France, devront l’avoir avec eux en permanence...
Tel un e-billet, véritable sésame pour avoir simplement le droit de venir gagner son salaire, la carte sera équipée d’un QR code. Celui-ci permettra aux agents de contrôle de vérifier rapidement si le salariéE a bien été déclaré. Et après ? « Dehors », dira-t-on au salariéE qui n’a pas sa carte ?Le patron aura beau jeu de sanctionner celui qui l’aura oubliée, lui ayant fait risquer la colère du service de contrôle... Mais au fond, ça ne changera rien aux vrais problèmes rencontrés au quotidien sur les chantiers en matière de travail illégal.Les plus grosses affaires impliquent les majors du secteur qui ont recours à des fraudes complexes, nécessitant des semaines d’enquêtes pour les mettre à jour... Et des années pour obtenir une condamnation bien souvent symbolique, comme sur le chantier EPR de Flamanville où Bouygues a été condamné à seulement 25 000 euros d’amende pour avoir exploité – en dessous du SMIC et sans droit à congés ni chômage – 500 Polonais et Roumains.
Un mort tous les deux jours...
En réalité, les mesures à prendre sont connues mais elles impliquent de heurter les profits colossaux des majors du secteur, ce que le PS ne veut pas se risquer à faire. La sous-traitance devrait être tout simplement interdite et le régime du détachement abrogé, pour que cessent de coexister sur les chantiers des myriades de salariéEs aux statuts, aux salaires et aux avantages différents, mais travaillant néanmoins au profit d’un seul et unique donneur d’ordre.Il y a encore en moyenne un mort tous les deux jours à la suite d’un accident du travail dans le BTP. Alors il est clair que ce dont ont réellement besoin les ouvrierEs du secteur, ce n’est pas d’une frénésie de contrôles de bouts de papier et de relents xénophobes sur les méchantes entreprises étrangères qui détachent des ouvriers à bas coût. Le problème, c’est que parler sécurité et donner les moyens à l’inspection du travail d’être sur le terrain dans ce domaine, ça n’est pas aussi attirant que d’aller courir derrière le FN avant les élections...
Comité Inspection du travail Île-de-France