Sporadiques depuis six mois, les grèves sur les salaires se renforcent depuis quelques jours dans les centrales nucléaires.
Ce sont d’abord les CNPE EDF (centres nucléaires de production d’énergie) de Bugey, Cattenom, Cruas, Tricastin et Gravelines qui sont partis en grève, et depuis ce week-end, ceux de Belleville, Paluel, Dampierre et Saint-Alban. Les travailleurEs affectés aux salles de conduite et à la maintenance sont à la pointe de la lutte.
Grèves tournantes par groupes
Des réacteurs fonctionnent au ralenti, d’autres sont en arrêt prolongé pour maintenance et rechargement du combustible ou réparation des circuits de sécurité, et sont d’ores et déjà en retard pour leur redémarrage prochain. À Cattenom, un seul réacteur fonctionne. La grève reconductible est votée en AG. À la centrale de Bugey (1 350 salariéEs), la grève est tournante par groupes de 10 à 15 personnes, avec, à Cruas et dans d’autres centrales, des cagnottes et caisses de solidarité. À Cattenom ou Gravelines, la grève reconductible est votée chaque jour, dès 6 heures, depuis le 13 octobre. Des barrages filtrants provoquent des bouchons de plusieurs kilomètres. Les directeurs d’EDF font tout pour que la grève ne s’étende pas aux entreprises sous-traitantes.
Solidarité face à la répression déjà en marche
Ces actions de contrôle ouvrier inquiètent le gouvernement qui cherche à intimider par la réquisition et la répression. Le 4 octobre, quatre grévistes ont été arrêtés chez eux par la DGSI, devant leurs enfants. Perquisitions aux domiciles, matériel informatique et tablettes des enfants saisis, gardes à vue à la DGSI à Levallois-Perret. La police antiterroriste les a interrogés pendant 96 heures. Leur crime ? Des coupures de courant (pratiquées depuis 30 ans lors des grèves EDF). Accusés de « cybercriminels en bande organisée », ils vont être licenciés et risquent la prison. Le ministère de l’Intérieur répond à la fédération CGT Mines-Énergie : « de toute façon, à partir de maintenant, ça va se passer comme ça ». Macron mène sa chasse aux sorcières : jusqu’au 31 décembre, les dossiers des travailleurEs du nucléaire et de leur entourage sont passés au crible d’un fichier secret défense qui contient les données personnelles de 37 millions de Français. Tout retour défavorable du COSSEN (commandement spécialisé pour la sécurité nucléaire) entraînera une interdiction de site (un refus d’accès sur 30 demandes pour les salariéEs ou sous-traitants) et le licenciement sans accès au dossier pour se défendre. Ce totalitarisme de la sphère nucléaire, zone de non-droit, de surveillance et de terreur, contribue aux problèmes de recrutement et de compétences dans les centrales. Avec un risque accru d’accident, qui met en danger des populations.
L’heure est à la solidarité et à la mobilisation pour nos salaires, dans tous les secteurs. Participer massivement aux grèves nationales interprofessionnelles est l’action la plus efficace, en solidarité et pour aller vers la grève générale, toutes et tous ensemble, public-privé.