Publié le Lundi 1 avril 2019 à 10h57.

Grève pour les salaires à la Monnaie de Pessac

Depuis lundi 25 mars, l’usine de la Monnaie est en grève reconductible sur une demi-journée pour des augmentations de salaires.

Depuis le mois d'octobre, au niveau de l’équipe syndicale CGT, nous avons lancé une discussion sur les salaires, suite aux augmentations des prix, loyers, carburants,… avec une consultation bien suivie et le vote d’une revendication : 190 € net pour tous les ouvriers employés. Le mouvement des Gilets Jaunes est venu conforter ce sentiment, avec une quinzaine de collègues participant aux manifestations ou même allant sur les ronds-points pour certains. 

Ce mois-ci, les NAO (négociations annuelles sur les salaires) ont commencé, regroupant l’établissement de Paris, où les syndicats ne mobilisent pas jusque-là, et celui de Pessac. La direction a annoncé + 2 % pour les 188 salariés les moins payés et une prime d'essence qui pourra atteindre 100 € par an, soit 8 € par mois pour payer le carburant… Pas de quoi aller bien loin avec ça !

A l’AG, nous étions 70 contractuels et ouvriers d'Etat sur une centaine d'ouvriers sur l'usine de Pessac, alors que la direction s’était dépêchée de communiquer qu’elle faisait de « gros efforts » cette année, en rajoutant la prime d’intéressement dans ses calculs… Mais il y en a marre de ces discours. Cela fait des années que ce genre de primes sert à faire passer la pilule du gel des salaires. Sans parler du sentiment d’injustice : cette année le top des 10 meilleurs salaires a pris 3,52 % (+72 % depuis le passage de la Monnaie en Epic en 2007)… mais ça, c’est le prix du « talent » sur le marché ! Nous avons voté la grève reconductible sur une demi-journée, en regroupant toutes les équipes sur le piquet devant l’usine entre 10h et 13h. 

Quelques heures après l'envoi de l’appel à la grève, la direction annonçait qu'elle attribuait une prime Macron de 300 € pour les salaires inférieurs à 1,5 Smic et de 200 € pour les autres, donnant suite à une demande des syndicats parisiens qu'elle avait refusé jusque-là... Le débat a eu lieu à l’AG des grévistes du lundi : « on prend la prime mais ce n’est pas notre demande », et au bout du compte, « ça nous paiera des jours de grève » !

Côté direction, c’est le silence radio sur les premiers jours. La direction locale ne fait que « transmettre » et la direction nationale ne dit rien jusqu’à jeudi, où le DRH annonce qu’il vient nous rencontrer avant la dernière réunion de NAO prévue l’après-midi. 

Mais il vient pour revendre toujours les mêmes choses : l’intéressement, la prime Macron, etc. sans rien discuter sur le terrain des augmentations uniformes de salaires. La direction veut continuer la NAO comme si de rien n'était, comme si le personnel ne s'était pas exprimé très largement par la grève !  Ils se foutent de nous. Du coup, l’AG a voté le refus de siéger à la NAO l'après-midi et la reconduction de la grève.

Le lendemain, dans les ateliers avant le débrayage, ça discutait surtout comment continuer la lutte. L'idée de rester sur la demi-journée reconductible est forte, avec la conscience qu’il faut que ça dure et qu’il faut maintenir la cohésion entre contractuels et ouvriers d’Etat.

Nous étions une bonne cinquantaine à l’AG et toujours autour de 70 grévistes. Le mouvement a été reconduit à la semaine suivante, avec l’idée de faire parler de nous, de mettre la question des salaires sur la place publique car il y a une vraie crainte des patrons que ces luttes fassent tâche d’huile. L’AG a donc appelé à un rassemblement pour les salaires devant l’usine, pour le lundi 1er avril.

Ce sentiment s’est aussi renforcé avec la venue de soutiens de Sud PTT, de Ford, de l'UL CGT de Pessac, de la clinique Bordeaux-Nord, de l'AIA, ainsi que les camarades du NPA. Une gréviste a aussi contacté les Gilets Jaunes de l’A63, qui nous ont dit qu’ils enverraient une délégation, et plusieurs grévistes sont allés leur donner un coup de main sur leur rond-point. 

Les convergences à la base se construisent. Vive la lutte.

 

[mise à jour]

Devant la ténacité des grévistes, la direction a dû se déplacer sur l’usine de Pessac … pour redire qu’elle faisait de « gros efforts » cette année, avec les primes d’intéressement ou Macron. Mais il y en a marre de ces discours. Cela fait des années que ce genre de primes sert à faire passer la pilule du gel des salaires. Sans parler du sentiment d’injustice : cette année le top des 10 meilleurs salaires a pris 3,52 % (+72 % depuis le passage de la Monnaie en Epic en 2007)… mais ça, c’est le prix du « talent » sur le marché !

Ce sentiment qu’ils se foutent de nous est profond. Face à la direction qui voulait continuait la NAO comme si de rien n’était, sans prendre en compte les revendications des grévistes, l’AG a refusé de siéger à la dernière réunion du jeudi 28 mars et voté la reconduction du mouvement.

Le lendemain, nous avons décidé de reconduire à la semaine suivante. Cadre de la NAO ou non, la direction doit nous entendre, d’autant que nous avons des commandes d’export en ce moment. L’AG a aussi voté à un rassemblement sur les salaires le 1er avril, devant l’usine. Des délégations de la CGT, de Sud, du NPA, de la CNT et des Gilets Jaunes sont venus apporter leur soutien, ce qui a renforcé encore la légitimité de notre grève sur les salaires.

Correspondant