Publié le Vendredi 27 mars 2009 à 18h36.

Interdire les licenciements, une urgence !

Face à la violence de l’offensive patronale, responsable de l’explosion du chômage, préparons la riposte. 

 « Est-ce que nous, patrons de PME, patrons de grandes entreprises, nous avons une responsabilité dans cette crise ? Non, aucune. […] Arrêtons de désigner des boucs émissaires. » Voilà comment, il y a quelques jours, la patronne du Medef, Laurence Parisot, laissait éclater une feinte indignation. Par cette déclaration cynique, Parisot ne faisait que répondre à la lettre, pourtant bien insignifiante, que lui avaient adressée les ministres du Travail et de l’Economie, Brice Hortefeux et Christine Lagarde, pour conseiller au Medef de revoir les rémunérations des dirigeants d’entreprises, en particulier de celles ayant bénéficié des largesses de l’Etat à la faveur de la crise. Ces recommandations vertueuses n’avaient pas empêché, d’ailleurs, la Société générale, qui a reçu une première enveloppe, peut-être suivie d’une autre, de 1,7 milliards d’euros de prêts de l’Etat, d’accorder, dans un premier temps, 0,06% de son capital en stock-options à quatre de ses dirigeants.

Mais la dirigeante du Medef sait qu’elle doit attaquer, alors que s’impose, avec de plus en plus de force, la vérité. Non seulement ce sont bien les trusts qui sont responsables de l’explosion du chômage, des 90200 chômeurs supplémentaires en janvier et 280000 dans les six derniers mois, mais les plans de relance du gouvernement sont bien incapables de soulager ce drame insupportable du chômage. Loin d’enrayer la crise, ils ne font que l’aggraver en subventionnant à fonds perdus le grand patronat. En 2009, l’Insee prévoit de 375000 à 454000 chômeurs supplémentaires, et c’est sans doute un minimum, l’institut de statistiques ayant depuis révisé à la baisse le recul du PIB (-2,9%).

Avec un sens aigu des intérêts de sa classe, Laurence Parisot voudrait inciter les travailleurs à accepter comme une fatalité les plans sociaux et les licenciements par lesquels, en réalité, les trusts leur font payer la crise et s’emploient à sauvegarder leurs profits.

A voir les réactions des salariés de Sony, dans les Landes, de Continental dans l’Oise, d’Amora, à Dijon, ou de bien d’autres entreprises, qui ont manifesté leur révolte ces dernières semaines, les mensonges du patronat et du gouvernement ne trompent pas. Reste que les mobilisations contre les licenciements sont encore dispersées faute d’une perspective de lutte d’ensemble que se refusent à donner les directions des confédérations syndicales.

La riposte a besoin, pour s’organiser, de perspectives claires, et du sentiment en premier lieu, que la seule légitimité est du côté des travailleurs, hier exploités, précarisés, aujourd’hui jetés à la rue, que ce sont eux qui créent les richesses qu’accaparent les gros actionnaires des grands groupes industriels et financiers.

Les grandes entreprises cotées au CAC 40 ont publié leurs bénéfices de 2008, qui s’élèvent à la somme faramineuse de 58,41 milliards d’euros. C’est certes beaucoup moins qu’en 2007, où ils avaient atteint les 100 milliards d’euros, mais, pour compenser la dépréciation des actions en Bourse, les dirigeants des multinationales ont décidé d’accorder à leurs actionnaires plus de dividendes encore, proportionnellement, qu’en 2007, soit les deux tiers de ces profits, 37,55 milliards d’euros (contre 41 milliards en 2007).

La question clé dans la situation actuelle est de savoir qui est responsable de la crise et qui va la payer. C’est pourquoi l’exigence de l’interdiction des licenciements est essentielle. Interdire les licenciements et diminuer le temps de travail jusqu’à pouvoir embaucher avec un emploi stable et correctement payé – à 1500 euros net minimum – toutes celles et tous ceux qui sont au chômage, c’est tout à fait possible, c’est avant tout une question de rapport de force. C’est cette conscience qui est aujourd’hui en train de mûrir dans le pays, et que nous voulons renforcer, afin de préparer le mouvement d’ensemble nécessaire pour imposer l’interdiction des licenciements et la faire appliquer dans les faits.