Publié le Dimanche 18 février 2024 à 10h00.

La grève, un droit que les cheminots ont décidé d’utiliser

La grève des contrôleurs décidée pour le week-end des chassés-croisés des vacances scolaires de février fait rugir les réactionnaires de tous poils !

Au point que, selon un scénario désormais bien rôdé, les mêmes images reviennent en boucle sur les télés : celles des vilains preneurs d’otages qui empêchent les braves travailleurs de profiter des vacances. Pas un mot pour rappeler que moins de 10 % de la population part aux sports d’hiver, car bien trop cher pour la plupart.

Et le débat sur le droit de grève de revenir avec proposition de légiférer sur le sujet une fois de plus. Après les précautions oratoires d’usage, « bien entendu le droit de grève est constitutionnel », les réactionnaires proposent de l’encadrer, pour ne pas dire l’interdire, en donnant au gouvernement un capital de 60 jours où tout préavis serait interdit, charge à lui de placer ces jours où il le souhaite. Rien que ça !

Pas de grève sauvage

Rappelons que depuis 2007, diverses mesures sont venues compliquer le droit de grève. Aujourd’hui, avant de pouvoir exercer son droit constitutionnel il faut déposer une Demande de concertation immédiate (DCI) qui oblige l’employeur à recevoir les organisations syndicales pour négocier. C’est seulement après, en cas de désaccord persistant que les organisations à l’origine de la DCI peuvent, et uniquement sur les mêmes motifs, déposer un préavis de grève dans un délai de 5 jours francs avant le début de celle-ci. La loi impose à la direction de recevoir les syndicats ayant déposé ledit préavis de grève pour encore une fois négocier. Et ce n’est pas fini : chaque salarié à l’obligation de remplir individuellement une Déclaration individuelle d’intention (D2I) informant la direction de son intention de faire grève. Contrairement à une légende urbaine, il n’y a pas de grève sauvage.

Aucune sanction pour la direction qui empêche le droit de grève

Cette partie de la loi est très souvent utilisée pour empêcher le cheminot d’exercer son droit sous des prétextes administratifs : déclaration reçue tardivement ou pas adressée au bon interlocuteur… car très régulièrement la procédure change. Étrangement, aucune sanction – pourtant prévue par la même loi – quand la direction décide de ne pas recevoir les organisations syndicales soit après la DCI ou après le dépôt du préavis, sous prétexte que de toutes façons elle n’a rien à proposer, donc qu’il est inutile de lui faire perdre son temps. Il est beaucoup plus simple de se répandre dans la presse ou les réseaux sociaux sur les preneurs d’otages. Tout cela ne doit plus passer ! Les cheminotEs et les travailleurEs ont des droits à faire respecter !