Publié le Vendredi 9 juillet 2021 à 12h00.

Le clan des milliardaires accapare les aides à la presse

Le 1er juin, le ministère de la Culture publiait la liste des titres et des groupes de presse ayant bénéficié, de 2016 à 2019, des aides directes et indirectes à la presse. Des chiffres qui confirment une tendance déjà bien connue : en 2019, la moitié de ces aides ont bénéficié à six groupes de presse détenus par une poignée de richissimes hommes d’affaires. Bernard Arnault et son groupe LVMH décrochent la timbale.

Ce n’est pas vraiment une découverte, mais les chiffres récemment publiés par le ministère de la Culture permettent de rendre compte de l’ampleur du phénomène. En 2019, plus de la moitié (51 %) des 76 millions d’euros attribués en aides à la presse ont bénéficié à six groupes, appartenant à huit richissimes familles ou hommes d’affaires.

Le palmarès des riches « assistés »

L’homme le plus riche de France, Bernard Arnault, remporte comme chaque année la palme avec 16 millions d’euros versés à la holding UFIPAR (le Parisien, Aujourd’hui en France, les Échos) filiale de LVMH.

Suit la famille Dassault, avec 6,4 millions d’euros versés au Groupe Figaro (le Figaro, le Figaro Magazine notamment).

La société éditrice du Monde (le Monde, Télérama, Courrier International notamment), détenue aux trois quarts par Le monde libre dont les actionnaires principaux sont Xavier Niel, Matthieu Pigasse, Daniel Kretinsky et Madison Cox, reçoit 6,3 millions d’euros.

Patrick Drahi n’est pas en reste, avec 5,9 millions d’euros versés à SFR Presse (Libération, l’Express).

Arnaud Lagardère est bien servi, avec 2,1 millions d’euros attribués à Lagardère Media News (Paris Match, le JDD).

Et enfin, Nicolas Beytout avec 2 millions d’euros versés à Bey Medias Presse et Internet (l’Opinion).

En tout, les 39 millions d’euros attribués à ces six groupes en 2019 représentent plus de la moitié du total des aides à la presse versées. Et c’est sans compter, pour la presse quotidienne régionale, les 5,2 millions d’euros versés à Sipa-Ouest France (géré par la famille Hutin) et le même montant offert au Groupe Ebra (regroupant neuf quotidiens régionaux – dont le Dauphiné libéré, le Progrès, les Dernières Nouvelles d’Alsace et L’Est républicain), propriété du Crédit Mutuel.

Bref, les aides publiques à la presse vont aux plus riches. Cette tendance est pérenne, puisque les mêmes six groupes considérés bénéficiaient de près de 40 millions d’euros en 2018 et 36 millions d’euros en 2017.

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