Publié le Mercredi 4 mai 2022 à 11h49.

Les travailleurs sans-papiers de RSI, DPD et Chronopost ne désarment pas

La grève des travailleurs sans-papiers de l’agence d’intérim RSI de Gennevilliers (92), de la plateforme DPD du Coudray-Montceaux (91) et de l’agence Chronopost d’Alfortville (94) dure maintenant depuis depuis plus de cinq mois. Face à eux : les patrons des différentes entreprises, des donneurs d’ordres aux agences d’intérim en passant par les sous-traitants, mais aussi l’État (flics et préfectures).

Le contexte, y compris électoral, ne rend clairement pas les choses plus faciles en termes de rapport de forces. Malgré tout, la combativité des grévistes n’est pas émoussée, et ils continuent à frapper à toutes les portes, à se rassembler, à manifester, plusieurs fois par semaine. Ils ont été reçus, entre autres, à la Direction des étrangers en France et au ministère du Travail.

Manifestation inédite

Mais, pour l’instant, les lignes ne bougent pas, ou si peu. Trois récépissés ont été délivrés par la préfecture de l’Essonne, pas tant pour entamer un processus de régularisation plus global que pour tenter de diviser les grévistes. Peine perdue, la lutte continue de plus belle.

Le 28 avril, une manifestation a fait le tour de plusieurs agences d’intérim installées dans une zone industrielle de Lieusaint (77). Les agences d’intérim concernées (Proman, Planet Intérim, Samsic) constituent le premier maillon de la chaîne de sous-traitance en cascade permettant la surexploitation des travailleurs sans-papiers. À noter qu’à Lieusaint s’est aussi récemment installée une agence Derichebourg Intérim. Derichebourg, c’est ce sous-traitant qui travaille pour le compte du groupe La Poste et qui a donc créé sa propre agence d’intérim (pourquoi se priver ?). Une démonstration éloquente de ce que les lois permettent en termes de déréglementation et de dumping social « interne ». L’endroit n’avait très certainement jamais connu de manifestation de ce type, et il faut noter la solidarité de plusieurs salariéEs de différentes entreprises, qui s’est notamment manifestée par des applaudissements.

La manifestation a ensuite continué pour se terminer devant le siège de l’agglomération Grand Paris Sud, dont dépend la commune du Coudray-Montceaux. À la différence de ses homologues de Gennevilliers et d’Alfortville, la maire du Coudray n’a, depuis le début, manifesté aucune solidarité vis-à-vis des grévistes. Au contraire, plusieurs arrêtés visant le piquet de grève et même le droit à manifester se sont succédé. Or le président (PS) de l’agglomération, Michel Bisson, ne s’est en aucun cas démarqué de cette attitude. Les travailleurs sans-papiers et leurs soutiens sont donc venus rappeler qu’un seul acte concret en faveur d’une mobilisation de ce type vaut mieux que cent proclamations en faveur de la démocratie et de l’antiracisme.