S’il y a un secteur où les « premierEs de corvée » sont légion, c’est bien dans les entreprises du nettoyage.
En plein confinement, une journaliste de l’émission télé cash-investigation qui s’était fait embaucher comme femme de ménage dévoilait les cadences infernales imposées par la société Onet à l’hôpital de Valenciennes. Secoué par la crise du covid, Macron avait dû concéder, dans une de ses tirades démagogiques, que « le pays tout entier reposait sur des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal ». Mais ces belles paroles promises pour « le monde d’après » ne se sont pas concrétisées.
Bien au contraire, la course à la rentabilité aux dépens des salaires et au mépris des conditions de travail s’est intensifiée. Onet, qui se présente comme un « groupe familial français », est leader du nettoyage en France (1,9 milliard d’euros de chiffre d’affaires), résultat d’une surexploitation féroce. Alors quand l’agence Onet de Montpellier impose au personnel un dispositif de « traçabilité » pour le suivre à la trace (pointage entrée-sortie pour chaque local à nettoyer), la colère éclate chez les 115 salariéEs affectés au CHU. Le 13 septembre, à l’appel de la CGT, 45 se mettent en grève 1 heure le matin et 1 heure l’après-midi ; le lendemain c’est 2 heures + 2 heures. Le 15 septembre, c’est la grève totale !1
Leurs revendications : une prime de 13e mois, retrait du système de « mouchard », annulation des sanctions. Un comité de soutien a été créé, avec une caisse de grève et une cagnotte en ligne. Des distributions de tracts avec des animations au centre-ville et sur les marchés ainsi qu’une soirée de solidarité en novembre ont permis de populariser la lutte. Après avoir lâché sur la traçabilité, Onet a demandé la médiation de l’inspecteur du travail pour faire reprendre le boulot, mais sans rien lâcher sur le 13e mois.
Au bout de 78 jours de grève, un accord a été signé avec versement d’une prime de Noël de 650 euros. Les Onet, fierEs d’avoir relevé la tête, l’affirment : « le combat continue ! » La revendication d’un 13e mois au niveau du groupe est sur la table, qui nécessitera la mobilisation des 66 000 salariéEs, mais aussi le soutien des syndicats des 21 000 entreprises où ielles travaillent. La lutte en cours chez Tesla, qui entraîne en solidarité d’autres secteurs (transporteurs routiers, messagerie, dockers, réparateurs …) en Suède, Danemark et Norvège pourrait bien faire tilt…
- 1. Voir notre article : https://lanticapitaliste…