Publié le Vendredi 11 septembre 2020 à 08h31.

Non à la casse de l’emploi chez les sous-traitants aéronautiques

Mardi 8 septembre, les salariéEs de AAA (Assistance Aéronautique et Aérospatiale), sous-traitant aéronautique présent sur Toulouse, Tarbes, la région nantaise et à Meaulte dans la Somme, était appeléEs à faire grève par la CFDT pour protester contre le PSE en cours de « négociation », qui prévoit le départ de 719 personnes sur un effectif de 1587), la direction s’en tenant à ses strictes obligations légales, soit un PSE à minima. Si à Toulouse l’appel n’était qu’à une heure de grève, ce qui n’a facilité la mobilisation des salariéEs travaillant sur les différents sites Airbus, dans la région nantaise, où 140 emplois sur 250 sont menacés, l’appel était à une journée de grève, avec blocage du site de Carquefou (la prolongation du mouvement mercredi est envisagée).

De premières actions

À Meaulte, c’est dès le 28 août que des salariéEs de AAA avaient manifesté aux côtés de divers sous-traitants aéronautiques (SIMRA, Laroche, Derichebourg...) à l’appel de la CGT et de la CFDT.

Sur Toulouse, où 300 suppressions d’emploi sont prévues, nous étions une soixantaine devant le siège régional. Si certains des présents travaillent actuellement (à temps partiel, comme les travailleurs/ses d’Airbus) et ont même plus de boulot qu’avant le Covid, ils et elles ne sont pas pour autant assuréEs de garder leur job. D’autres n’ont pas travaillé depuis mars, mis en chômage « partiel » total (la direction de AAA n’ayant pas choisi de répartir le chômage sur l’ensemble des travailleurs/ses exerçant le même métier).

À noter qu’un seul tract, de la CFDT, est sorti (récemment) depuis l’annonce du PSE, FO et CGC restant muets.

Des suppressions de postes par centaines

Beaucoup sont conscients que le rassemblement de ce mardi ne peut être qu’un début, et qu’il est urgent de dépasser le cadre de l’entreprise, alors même que depuis l’été les annonces pleuvent sur les travailleurs de la sous-traitance aéronautique dans la région : 1.300 suppressions chez Daher (sur un effectif de 10.000), 140 chez CMT+ (sur 225), 225 chez Sogeclair (sur 400), 320 chez Figeac Aéro dans le Lot (sur 966), 10 chez CIM (sur 70). 163 travailleurs/ses d’Atis-Derichebourg, qui ont refusé de perdre plus de 300€ par mois dans le cadre de l’APC signé par FO en juillet, ont été licenciéEs. Aux Ateliers de la Haute Garonne le patron veut lui aussi imposer un APC. Chez Alten Sud-Ouest (ex-vache à lait du groupe très florissant Alten), où beaucoup sont en « intercontrats » depuis qu’Airbus a annulé leurs prestations, plus de 200 travailleurs/ses ont été licenciéEs pour avoir refusé une proposition de mutation (avec, de façon totalement illégale, une accusation de « faute grave »). Chez Liebherr, c’est un plan de « départs volontaires » de 100 personnes (sur 1500) qui est annoncé... Chez Auber et Duval, dans l’Ariège, le groupe Eramet veut se désengager... 

Répartissons le temps de travail

On le voit, les patrons n’hésitent pas à annoncer souvent la suppression de la moitié des emplois, voire plus, même quand c’est seulement une partie d’un groupe qui est impactée par la crise de l’aéronautique. L’exemple le pire est sans doute celui d’Airbus Interiors Services, filiale d’Airbus, qui veut supprimer 101 emplois sur 141 (71 %) !

Alors, pour les salariés de AAA comme pour les autres, les alliés potentiels ne manquent pas. Mais il faudra dépasser les sectarismes syndicaux et les corporatismes pour engager une riposte d’ensemble dans la sous-traitance, où des dizaines de milliers d’emplois directs sont menacés, mais aussi à Airbus (même si le syndicat FO majoritaire à Airbus est d’accord avec la direction pour rapatrier une grande partie de la sous-traitance, tout en affirmant ne pas vouloir « tuer » les sous-traitants, afin de limiter les suppressions d’emploi chez Airbus).

S’il y a moins de travail, imposons la baisse du temps de travail et le partage du travail entre tous. Les grandes entreprises de l’aéronautique ont accumulé des profits records ces dernières années, le gouvernement les arrosent aujourd’hui avec notre argent : elles ont donc les moyens de maintenir les emplois tant chez elles que dans la sous-traitance.