Le 29 mars, un tribunal réuni à Rodez a ordonné aux anciens et anciennes salariéEs de la SAM l’évacuation de leur usine au plus tard le 5 avril à 14 heures. Mais les salariéEs ont décidé en assemblée générale réunie à plus de 200 l’après-midi de l’annonce de la décision de ne pas la respecter. L’occupation, démarrée le 22 novembre 2021 et poursuivie sans discontinuer, se poursuit.
Une exception parmi toutes les résistances aux mauvais coups, le collectif de lutte agrégeant depuis des années touTEs les salariéEs autour du seul syndicat présent dans l’usine, la CGT, ne s’est pas disloqué après les lettres de licenciement reçues.
Quelques espoirs demeurent
Alors qu’une nouvelle activité de sous-traitance automobile semble maintenant exclue, un espoir d’obtenir des contreparties aux licenciements demeure. Même le préfet avait reconnu que la revendication d’indemnités supra légales était légitime, tout en précisant bien sûr que ce n’était pas sa responsabilité mais celle de Renault. Et Renault est devenu depuis la liquidation de l’usine complètement absent. Pas l’ombre d’un début de contact !
Il subsiste aussi l’espoir d’une reprise du site, machines et salariéEs, par des investisseurs en capacité de produire aussi pour d’autres filières que l’automobile. C’est la région Occitanie présidée par la PS Carole Delga, relayée sur place par le conseiller régional du PCF allié dans sa majorité, qui entretient cet espoir ténu. Tout en précisant que rien de concret ne pourrait être fourni avant plusieurs mois et sans s’engager sur le nombre de salariéEs repris.
Pendant ce temps, les mandataires liquidateurs, c’est leur nom officiel, rôdent pour faire valoir les intérêts des créanciers sans oublier le leur car il faut bien que ces sinistres personnages se paient grassement. Et ils n’ont cessé depuis des semaines d’avancer chaque fois davantage leurs positions avec l’aide active des pouvoirs publics. Le 25 janvier ils avaient déjà obtenu la levée par les grévistes du blocage de la route départementale, mis en place deux mois auparavant aux abords de l’usine.
Plus significative a été l’obtention le 17 mars, par les mandataires liquidateurs, de l’arrêt du fonctionnement des fours à fusion de l’usine. C’est au nom de la préservation de l’outil de travail que ces fours avaient été maintenus à 650 degrés pour conserver en état de fusion les près de 20 tonnes d’aluminium présents dans l’usine. Le prétexte avancé auprès du préfet par les liquidateurs était que cela coûtait trop cher en électricité !
Indignation générale
Et bien sûr, cela ne leur a pas suffi. C’est l’évacuation pure et simple de l’usine qu’ils voulaient, ce qu’ils viennent d’obtenir du tribunal de Rodez. Pas de doute, l’évacuation a pour but de permettre le plus vite possible la vente des machines et bâtiments pour rembourser dettes et créanciers. Une leçon de choses en vraie grandeur : la propriété privée avant l’emploi et des possibilités même ténues de reprise.
Dans le bassin de Decazeville, c’est l’indignation générale. La résistance de la SAM tient parce qu’il y a un soutien de la population autour. Dans un bassin d’une dizaine de milliers d’habitantEs, les rassemblements qui se tiennent autour de l’usine une ou deux fois par mois réunissant chaque fois plus de deux mille participantEs. Il faut noter l’engagement très concret de la Confédération Paysanne affirmant son soutien « à ses camarades ouvriers ; seuls nous ne pouvons rien, unis nous pouvons tout ! »
Tous les éluEs, à l’exception de la députée LREM, font part de leur opposition même si cela va de pair avec une violente dénonciation de la CGT par le candidat RN aux législatives. Les mandataires liquidateurs ont cru nécessaire de publier un communiqué où ils pleurnichent contre ces élus qui « remettent en cause une décision de justice et justifient une occupation illicite. »
Le rassemblement du mardi 5 avril devant la SAM devait exprimer une démonstration massive de soutien à la poursuite de l’occupation et au refus d’appliquer cette décision de justice inique.
Cette menace d’évacuation intervient à moins d’une semaine de l’élection présidentielle. Quelle fin pour ce premier mandat de Macron ! Il avait commencé en 2017 en affrontant les grévistes du sous-traitant automobile GM&S à La Souterraine qui menaçaient de tout faire péter. Il termine donc par la SAM.
Oui, il n’y pas d’autre moyen pour faire valoir nos droits que la lutte et la résistance collectives.