Les dirigeants de Renault ont fait fuiter dans la presse leur projet de scission du groupe en plusieurs entités, l’une centrée sur les véhicules électriques et l’autre sur les véhicules à moteur thermique ou hybride1. Leur objectif est d’appâter les « marchés financiers » dans l’espoir d’attirer des milliards de capitaux « frais ».
Derrière ces manœuvres capitalistes, c’est l’accroissement de l’exploitation des travailleurEs qui s’annonce dans le cadre de la vaste restructuration du secteur automobile en cours.
Destructurer pour rentabiliser
Mettre à part l’entité « Électrique » permettrait au constructeur de remettre à plat l’ensemble des droits sociaux des salariéEs concernés. Temps de travail, rémunération, congés, mutuelle : tout serait soumis à « négociation » avec les organisations syndicales, notamment au niveau national, plus promptes à palabrer avec les patrons qu’à organiser le rapport de forces.
L’objectif patronal est clair : détruire les droits sociaux sous la menace, puisque le ou la salariéE qui refuserait d’être transféré serait automatiquement licencié.
Quant aux travailleurEs qui basculeraient dans la partie « Thermique », leur sort serait encore plus incertain : le nom de code interne de la nouvelle entité (« Horse », pour « Cheval », comme l’unité de puissance « cheval-vapeur ») montre que pour les dirigeants de Renault elle a plus de passé que d’avenir. Par le même mécanisme que pour la partie « Électrique », les travailleurEs verraient ainsi leurs droits sociaux remis en cause. Mais c’est l’avenir de leurs emplois qui est menacé avec la fin annoncée en 2035 de la production des moteurs thermiques et hybrides à l’échelle de l’Union européenne.
Au lieu de reconvertir, vers les voitures électriques, touTEs les salariéEs travaillant actuellement sur les voitures à moteur thermique, Renault les sépare et poursuit sa politique de casse de l’emploi, en France mais aussi dans d’autres pays (Espagne, Roumanie, Turquie…).
Au-delà du casino de la Bourse, ce sont les emplois de milliers de travailleurEs qui sont menacés, chez Renault comme chez les sous-traitants.
Mobilisation en construction
Un premier rendez-vous de mobilisation est organisé le mardi 17 mai devant le centre technique de Lardy (91) à l’initiative de la CGT du site.
Les directions syndicales chez Renault sont engluées dans des années de compromissions ou de fumeux « projets industriels alternatifs » qui, en définitive, servent à faire passer la pilule des attaques patronales. Ce n’est qu’après plusieurs semaines d’alertes, lancées notamment par le syndicat CGT Renault Lardy, que la CGT de l’ensemble du groupe appelle à soutenir le rassemblement prévu à Lardy contre le démembrement annoncé, pour montrer à la direction que les salariéEs ne sont pas prêts à se laisser diviser, exploiter ou virer – avec la conviction que seule la lutte collective fera reculer le plan des patrons. Pour s’opposer à l’appétit vorace des actionnaires, la mobilisation qui commence doit s’élargir aux autres établissements Renault. Pour gagner, aux travailleurEs de s’imposer sur le devant de la scène.
- 1. Voir l’Anticapitaliste n° 611 et n° 613.