Publié le Jeudi 27 février 2014 à 09h13.

PSA : la famille Peugeot sauve sa mise !

L’arrivée dans le capital de PSA de l’entreprise chinoise Dongfeng et de l’État français est une leçon de choses des mœurs du capitalisme mondialisé. Il est très « tendance » aujourd’hui d’opposer capitalisme industriel au capitalisme financier pour mieux valoriser l’un et dénoncer l’autre. La famille Peugeot est une figure caractéristique d’un certain capitalisme industriel ayant commencé il y a deux siècles par fabriquer des moulins à café, pour poursuivre dans le vélo, et aujourd’hui être à la tête de la deuxième firme automobile européenne...

La famille dispose aujourd’hui de sa propre structure, la société foncière et financière de participation (FFP), qui se comporte comme un classique fonds de placement siphonnant Peugeot automobiles pour aller là où le profit est le plus élevé. Oh, le vertueux capitalisme industriel ! La banque PSA Finance reste en dehors de l’opération car la famille Peugeot n’allait pas se priver d’un tel magot qui a déjà bénéficié d’une caution de sept milliards d’euros donnés en garantie par le gouvernement. Une discussion « exclusive » est engagée avec la banque espagnole Santander pour partager le butin. Et loin de prendre des mesures de coercition, le gouvernement laisse faire !Avec les concours annoncés de l’État français et de Dongfeng, à hauteur de 800 millions d’euros chacun, près de quatre milliards d’euros sont ainsi mobilisés pour l’opération. La famille Peugeot s’est dessaisie de la gestion directe du groupe automobile mais, restant actionnaire, elle touchera à proportion de ce que rapporteront les nouveaux milliards apportés au capital de PSA. Sans avoir été contrainte de mettre un seul nouvel euro dans l’affaire, l’arrivée de capitaux publics lui sauve ainsi la mise. Thierry Peugeot a décidément bien de la chance d’avoir comme ami Moscovici (pour les détails de l’amitié, voir le Monde daté du 18 février 2014).

Aucun engagementL’arrivée du deuxième constructeur chinois dans le capital de PSA est une étape de plus dans la mondialisation capitaliste de l’automobile. L’industrie automobile en Chine est déjà l’une des plus puissantes de monde. PSA et Renault y arrivent après Volkswagen, GM, Nissan et Toyota. Lorsque Montebourg déclare : « Dongfeng n’a pas de marque, pas de technologie », il montre surtout que les stéréotypes franchouillards, il connaît !Si, au moins, l’afflux de ces capitaux permettait de maintenir l’emploi de milliers de travailleurs... Mais ce n’est pas le but recherché et rien n’est garanti. Moscovici a déclaré : « Il n’y aura pas de nouvelles fermetures d’usines », sous-entendant qu’il pourrait y avoir de nouvelles suppressions d’emplois, comme déjà annoncé à Rennes ou à Poissy. Et Montebourg de rajouter : « La production de voitures PSA en France sera de un million de véhicules en 2016 »... Et pas d’engagements sur l’emploi des salariés ! Au moment où était annoncée la recapitalisation, le concret était la suppression de lignes de fabrication à Poissy et à Mulhouse. Telle est la réalité. Le plan Varin, la fermeture à marche forcée de l’usine d’Aulnay, et la signature de l’accord de compétitivité, ont servi à rendre le groupe PSA et ses dizaines de milliers de salariés mieux vendables sur le marché de l’industrie automobile mondialisée.Jean-Claude Vessilier