Depuis le 22 septembre, Renault est engagé dans la négociation d’un nouvel accord de compétitivité en France qui devrait aboutir avant le 13 décembre.
Il devrait succéder pour une nouvelle période de trois ans à l’accord signé en mars 2013 avec les syndicats CFE-CGC, CFDT et FO. Un accord dit « de croissance et de développement social »… qui lui a donné les outils pour détruire près de 7 000 emplois, étendre la précarité comme jamais, remettre en cause les augmentations générales de salaires sous prétexte de « modération salariale » et allonger le temps de travail sans majoration de la rémunération. Un accord dont les effets ont contribué pour une bonne part aux profits records dont l’entreprise a pu se vanter à la fin du premier semestre 2016.
Flexibilité aggravée
Mais pour Thierry Bolloré, directeur général à la compétitivité du constructeur, c’est seulement « la moitié du déficit de compétitivité des usines françaises [qui] a été comblée ». C’est donc avec la ferme intention de porter de nouveaux coups à ses salariéEs que le 18 octobre, à l’occasion de la troisième réunion de négociation, la direction a annoncé l’instauration d’un système de « modulation annuelle » des horaires de travail. Il aggraverait celui déjà inscrit dans l’accord de 2013, mais que l’entreprise n’avait encore jamais appliqué. Pour Renault, il s’agit de mettre en place « un système permettant de faire varier les horaires de travail des salariés en fonction de l’activité de l’entreprise, en alternant des périodes de haute et de basse activité ».
Aux périodes dites « basses » au cours desquelles des journées ne seraient pas travaillées succéderaient les périodes dites « hautes » au cours desquelles la durée hebdomadaire de travail pourrait être portée à 48 heures ou à 42 heures sur douze semaines consécutives, jusqu’à six mois dans l’année. Un moyen supplémentaire de déconnecter la durée effective du travail des 35 heures hebdomadaires légales que tous les patrons prétendent pourtant ne pas remettre en cause !
Augmentation du temps de travail
Pour atteindre cette amplitude, la direction prévoit soit l’augmentation de la durée journalière de travail d’une heure trente minutes, soit l’ajout d’une journée de travail supplémentaire le samedi, soit encore une combinaison des deux. Ces heures « en plus » ne déboucheraient plus sur le paiement d’heures supplémentaires majorées, mais sur l’attribution de repos individuels. Des repos supplémentaires dont le salarié ne disposerait pas pour ses besoins, puisque c’est l’entreprise qui les positionnerait dans les périodes dites « basses » !
À travers cette flexibilité accrue des horaires de travail, Renault va chercher à se débarrasser d’une petite partie des 9 000 intérimaires ou des 5 000 prestataires qu’il emploie actuellement.
Construire la riposte !
C’est pour s’opposer à cette nouvelle dégradation des conditions de vie et de travail que la CGT, alors que CFE-CGC, CFDT et FO préparent déjà leurs signatures, a décidé d’appeler à des débrayages sur tous les sites Renault ce jeudi 27 octobre.
Fin 2012 et début 2013, c’est au travers de huit débrayages menés à l’échelle du groupe Renault, rassemblant jusqu’à 4 500 grévistes, que les salariéEs avaient cherché à s’opposer au précédent accord de compétitivité. Pour les équipes militantes, l’enjeu sera cette fois de chercher et de réussir à rassembler dans cette action tous les travailleurs, qu’ils soient à statut Renault, intérimaires ou prestataires. Dans une entreprise où la part des salariés précaires représente près de 40 % des effectifs du personnel de fabrication et plus de 70 % sur certaines chaînes de montage, la construction d’un rapport de forces face à la direction est à cette condition. Et le fait que le projet de la direction attaque autant les uns que les autres en fournit l’occasion et la possibilité.
Correspondant