Publié le Vendredi 10 février 2012 à 15h52.

Résister à la machine à licencier

Nous avons rencontré quatre militants CGT de Cofinoga, à Mérignac (Gironde) confrontés avec leurs collègues à un « Plan de sauvegarde de l’emploi ». Sur 2 500 salariéEs, près de 470 suppressions sont annoncées (397 à Mérignac, plus de 40 à Paris, et une vingtaine dans des antennes locales).

Ils évoquent les dernières années fastes de ce groupe financier avec l’explosion des crédits à la consommation : « les crédits ‘revolving’ représentaient jusqu’à 78 % du chiffre d’affaires ». Pour les salariéEs, il n’y a jamais eu grand-chose en retour, et le boulot est dur, notamment « les journées au téléphone », entre relances et renégociations auprès de clientEs souvent prisES à la gorge. Les camarades de la CGT font remarquer d’ailleurs que « le PSE ne touche pas ces postes, les ‘postes commerces’, ceux qui sont au contact des clients ».

Pour la BNP, Cofinoga était un gâteau intéressant, au point de s’en emparer en 2005 par une « OPA sympathique », propos que rappelle, moqueur, un des délégués. La presse parlait de « pépite » pour ce groupe qui gérait alors plus 10 milliards de prêts, faisait 120 millions d'euros de bénéfices. La BNP qui venait d’acquérir Cetelem en 1999 renforçait sa domination dans le secteur… et se donnait les moyens de le restructurer. C’est bien cela qui a commencé, et « depuis 2009, 250 emplois ont déjà été supprimés, avec les fins de CDD, les départs non remplacés… » Évidemment, la direction évoque la crise, la loi Lagarde (appliquée depuis juillet 2011, qui encadre un peu ces crédits), mais la vraie raison est simple : en restructurant, « la BNP veut faire une économie de 100 millions ». La BNP a largement les moyens de payer pour maintenir tous les emplois : presque 8 milliards de bénéfices en 2010. Les Galeries Lafayette (l’autre copropriétaire) aussi, avec 525 millions et 44 millions pour Cofinoga.

À l’annonce du PSE, c’est d’abord la stupeur qui a pris le dessus. La machine infernale s’enclenche, distillant le doute et la division. Les militants CGT se disent prêts à discuter de « reclassement locaux au sein de la BNP », mais tout le monde voit bien que l’ampleur du plan laissera du monde sur le carreau. Le 20 janvier, à leur appel, et alors que l’intersyndicale majoritaire (CFDT-CFTC-CGC) s’était publiquement prononcée contre, 200 salariéEs ont débrayé pour exprimer leur désaccord. Un événement à Cofinoga. Le seul moyen pour résister au PSE. Plus largement, c’est bien la question d’un mouvement d’ensemble pour l’interdiction des licenciements qui est posée, avec ceux de SeaFrance, de Pétroplus, de Lejaby…

François Minvielle