Publié le Mercredi 28 juillet 2021 à 17h51.

Silence, des ouvrierEs meurent

Dimanche 25 juillet, un salarié est mort sur son lieu de travail. D’après le recensement effectué par le compte Twitter « Accident du travail : silence des ouvriers meurent » (@DuAccident), animé par Matthieu Lépine, professeur d’histoire-géographie en collège, l’homme, âgé de 55 ans, serait le 176e mort par accident du travail en 2021 : soit pas loin d’un par jour.

Le travail blesse, le travail tue, le plus souvent dans le silence assourdissant des grands médias et des responsables politiques, beaucoup plus prompts à s’émouvoir lorsque c’est un policier ou un gendarme qui meurt dans l’exercice de ses fonctions que lorsqu’il s’agit d’unE ouvrierE du bâtiment, d’unE agentE de maintenance ou d’unE travailleurE agricole.

Mais le 25 juillet, on en a parlé. Parce que l’homme était un cheminot, enseveli sous les décombres d’un chantier effondré, dans des circonstances qui nécessitent d’être établies afin de déterminer les responsabilités ? Non. Si on a parlé de la mort de ce salarié, c’est parce qu’elle a entraîné une interruption du trafic des TGV Atlantique qui a touché des milliers de voyageurEs.

La présidente de la région Île-de-France et candidate à la présidentielle Valérie Pécresse ne s’y est pas trompée avec ce lamentable tweet : « Toutes mes condoléances à la famille de l’ouvrier mort dans un éboulement près de la gare de Massy. Le trafic SNCF a dû malheureusement être interrompu, mes pensées accompagnent tous les voyageurs bloqués en ce dimanche de retour. »

Pour ces gens-là, la vie d’unE salariéE ne vaut pas plus qu’un retard sur le chemin du retour des vacances. Et pour le dire franchement, sans prendre le risque de se tromper, on peut deviner qu’elle vaut en réalité moins, et que Valérie Pécresse – parmi tant d’autres – s’est sentie obligée de mentionner cette mort au nom de ce qu’elle croit être de la décence.

Nous nous joignons à la tristesse et à la colère des proches, des collègues et des organisations syndicales qui exigent que toute la lumière soit faite sur cet accident mortel. Et contrairement aux hypocrites qui se sont sentis, pour une fois, obligés de parler de la mort d’un salarié alors qu’ils passent le reste de l’année à traiter les cheminotEs de tire-au-flanc, nous n’oublierons pas, et nous continuerons de dénoncer un système d’exploitation qui méprise la vie.