Publié le Vendredi 18 octobre 2019 à 12h44.

SNCF : La goutte d’eau de trop à St Lazare

Lundi 14 octobre, des agents des trains Grandes Lignes et Banlieue ont déposé le sac en faisant valoir leur droit de retrait suite à 7 agressions dont 5 en un week-end. Déjà sous les feux de la séparation entre activités Transilien et GL normandes, des menaces sur le statut de roulant des ASCT de banlieue, de la politique du chiffre de la Lutte Anti-Fraude, des attaques sur les roulements du Service Annuel 2020, ces agressions ont été les gouttes d'eau qui ont fait déborder le vase.

Pas de division entre nous ! 

Très vite, l’info circule et, en milieu de matinée le débrayage des agents de contrôle est rejoint par des agents de conduite et de l’escale, certains en repos, d’autres exerçant leur droit de retrait également. 

Des dirigeants du contrôle tentent de convier une délégation dans une salle à part pour calmer tout le monde. La direction cherche à séparer les problèmes, Transilien d’un côté, Grandes Lignes de l’autre. Pas question pour les contrôleurs : c’est tous ensemble que les collègues veulent être reçus ! Et d’ailleurs, à la mi-journée, avec les nouvelles prises de service, le cortège sur le quai 1 grossit. 

Quand la direction veut nous intimider… 

La direction accepte finalement le principe de recevoir tout le monde mais traine des pieds pour trouver une salle. Et, pendant ce temps, deux conducteurs justement venus en soutien sur le quai 1 sont mis en demeure par écrit de reprendre le travail. Ni une, ni deux, la centaine de présents se rend à la feuille des mécanos pour les soutenir. Sur place, des mécanos qui devaient prendre leur service, refusent de le faire. 

… Elle finit dans ses petits souliers 

Affolés, les grands chefs arrivent illico, ceux de la traction commençant par dire que les mises en demeure sont une maladresse et qu'elles seront déchirées. Des discussions s’engagent alors entre les directions et les collègues sur ce qu'il faut mettre en œuvre pour stopper l'épidémie d'agressions du week-end, qui fait suite aux huit recensées pour la seule gare de Mantes-la-Jolie en août uniquement. 

Les dirigeants des ASCT tentent alors de vendre le dernier gadget de l'entreprise : des caméras portatives à déclencher en cas de conflit, laissant planer sur le voyageur récalcitrant la menace d'une identification ultérieure. Une véritable trouvaille pour envenimer une situation tendue ! D'ailleurs, face au tollé provoqué, les dirigeants annoncent une heure plus tard que l’expérimentation de ces caméras à Saint Lazare est finalement annulée.

La direction est bien coupable

Car nos problèmes ne viennent pas de nulle part. Dans tous les services le constat est le même : la politique de la direction met les voyageurs sous pression et expose les cheminots sur le terrain. Les moyens humains et matériels nécessaires pour faire circuler les trains dans de bonnes conditions et à l'heure ne sont pas mis, les usagers voyagent régulièrement dans des rames trop petites, sans toilettes, parfois dégueulasses faute de temps et d'agents pour les nettoyer. 

Des dizaines de guichets Grandes Lignes ou Transilien ont été supprimés sur la région ces dernières années, le parc de distributeur automatique de billets et de composteurs est vétuste et défaillant. Dans le même temps, les agents commerciaux de gare ont été assermentés sans formation réelle pour aller faire des opérations de Lutte Anti-Fraude dans des conditions de sécurité douteuses. 

Alors qu'obtenir un titre de transport peut tenir du parcours du combattant, les dirigeants donnent des objectifs individuels chiffrés de PV à chaque ASCT, voire à des équipes d'agents commerciaux gare. Le travail isolé s'est développé et tous les services ont été mis au régime du sous-effectif permanent. La direction a ainsi réuni les conditions pour que les choses se passent très mal... pour nous. Mais pour eux aussi maintenant, faut qu’ils s’attendent aux effets boomerang !

La mobilisation se poursuit le soir

Devant le mutisme face à leurs revendications, des collègues ont décidé d'aller largement informer les conducteurs du dépôt de sac en cours. Leurs réactions ne se font pas attendre, ainsi que les impacts sur les trains de la pointe du lundi soir. 

Et le lendemain ! 

Le lendemain, les contrôleurs Grandes lignes appelaient justement à la grève pour dénoncer les attaques sur les roulements (décades de 6 jours, journées à coupure, etc.). Rendez-vous donc le jour suivant où 80 agents se réunissent en assemblée générale. Là encore, des mécanos ont rejoint l’appel des contrôleurs. C’est bien parce que la direction a fait face à la détermination des contrôleurs ces dernières semaines, qu’elle a finalement reculé sur les roulements et sur certaines de leurs revendications. Ces premières victoires nous encouragent à poursuivre car, dans tous les services, le compte est loin d’y être, notamment en termes d’embauches !

Pour notre sécurité, on débraye ! 

Mercredi 16 octobre, un accident entre un TER transportant 70 usagers et un convoi exceptionnel a eu lieu sur un passage à niveau en Champagne-Ardenne. Blessé, le conducteur a dû sortir de la rame pour faire la couverture d’obstacle, évitant ainsi de justesse qu’un sur-accident se produise. Seul agent SNCF dans ce train sans contrôleur, il a dû également prendre en charge les passagers. 

Pour protester contre les choix de la direction qui encourage les « équipements à agent seul » alors qu’il y a déjà eu plusieurs accidents de ce type, les conducteurs et contrôleurs de Champagne-Ardenne ont immédiatement déposé le sac et dès le lendemain, la mobilisation s’étendait à plusieurs régions (Midi-Pyrénées, Auvergne, Lorraine…). Celle-ci pourrait bien devenir nationale tant les problèmes de sécurité et le ras-le-bol sont bien présents partout ! 

Bulletin NPA St Lazare