Publié le Jeudi 14 novembre 2024 à 18h00.

Stellantis, les profits explosent, les emplois s’effondrent

Le 29 octobre, le constructeur automobile Stellantis a annoncé la suppression de près de 250 postes d’intérimaires sur son usine de La Janais près de Rennes (35). 

Cette décision, prévue pour janvier 2025, résulte de l’arrêt programmé de la production de la Citroën 5008, mesure « conjoncturelle » selon Stellantis pour faire face à une baisse temporaire de production. Mais pour les salariéEs cette décision illustre une logique de profit brutale et une gestion qui sacrifie les employéEs les plus précaires en période de « réajustement ».

S’attaquer aux plus vulnérables pour maintenir les profits

Les suppressions d’emplois concernent spécifiquement les intérimaires, main-d’œuvre flexible et précarisée des entreprises alors qu’iels contribuent pleinement à la production quotidienne de l’usine et devraient bénéficier de conditions d’emploi stables. 

Ces licenciements révèlent une tendance générale : délocaliser le risque et les coûts vers les employéEs les plus vulnérables, en les considérant comme des variables d’ajustement à chaque ralentissement conjoncturel.

Environ 250 salariéEs vont donc perdre leur activité principale, voire leur revenu, alors même que Stellantis réalise des bénéfices records : 18,6 milliards d’euros en 2023, auxquels s’ajoutent 5,6 milliards d’euros au premier semestre 2024 considérés comme « pas à la hauteur de nos attentes », selon Tavares, le PDG. La baisse ­d’activité des derniers mois va avoir des répercussions en cascade. Le sous-traitant Forvia, fortement dépendant des commandes du site de Rennes, a également lancé un plan social dans son usine de Bains-sur-Oust (35) avec la suppression de 72 postes d’ici décembre.

Des bénéfices records, mais des suppressions de postes en cascade

Le groupe prévoit de lancer un nouveau modèle dans un an qui devrait « relancer la production ». Mais en attendant ce redémarrage, l’employeur n’a pas prévu de mesures pour maintenir les emplois intérimaires alors que ses bénéfices le lui permettent. 

Les suppressions d’emplois, annoncées comme temporaires, illustrent une autre facette de la crise industrielle dans la filière automobile : la course au profit à court terme et l’intensification du travail sur quelques sites. Les sites de Poissy, Douvrin et celui de Rennes sont aujourd’hui sérieusement menacés, la direction faisant le choix de concentrer ses activités de production autour de Mulhouse et de Sochaux pour en faire des usines encore plus flexibles où les effectifs seraient dépendants, au mois le mois, des aléas des volumes de production.

Les promesses d’un avenir électrique… mais à quel prix ?

Stellantis projette une forte croissance de sa production électrique, espérant que la transition vers l’électrique créera des emplois dans le futur. Une promesse d’avenir qui ne profite pas aux intérimaires aujourd’hui. Une stratégie qui illustre clairement les contradictions du capitalisme moderne : accroître les investissements tout en maintenant les dividendes pour les actionnaires au prix de suppressions d’emplois. Les dirigeants de l’entreprise, eux, n’ont cessé de récolter des revenus considérables : le PDG Carlos Tavares a ainsi perçu une rémunération de près de 36 ­millions d’euros l’an dernier. 

Mobilisation nécessaire contre les licenciements, pour la répartition des richesses et des emplois

Face à cette situation, les organisations syndicales et de gauche doivent organiser la mobilisation à l’échelle nationale sur un cahier revendicatif commun : interdiction des licenciements, répartition du travail, réduction des cadences, répartition de la production, revalorisation des salaires...

Chez Michelin, Auchan, Airbus, Vencorex, Stellantis… depuis quelques semaines les annonces de plans de licenciements se succèdent. Au 18 octobre 2024, la CGT recensait 180 plans de licenciements en un an. Des milliers de travailleurEs qui ont fabriqué ces milliards de dividendes vont se retrouver prochainement au chômage. De Michelin-Cholet aux travailleurEs de MA France, des milliers d’entre elles et eux n’entendent pas se faire licencier sans se battre. Ces prochains jours, l’heure est donc à coordonner les colères et les mobilisations. 

Kevin (Rennes)