La direction de TDF, diffuseur historique de télé et radio par voie hertzienne pour tous les foyers français de métroplole et d'outre-mer, a annoncé la suppression d'un quart des ses effectifs (600) justifiant cette restructuration par le passage à la diffusion numérique fin 2011.
Déjà entre 1998 et 2006, le groupe est passé de 3 600 à 2 600 salariés.
Pour cette restructuration, la direction de TDF a suivi les préconisations du cabinet de conseil Cap Gemini, à qui le gouvernement fait régulièrement appel lors de ses projets de restructurations de services publics.
Ancienne entreprise publique (Epic), issue de l'éclatement de l'ORTF en 1974, TDF a été cédée à France Telecom, en 1990, puis vendue 2 milliards d'euros, en 2002, à un groupe d'investisseurs dans le cadre d'un montage financier en LBO. Dans la holding constituée pour cet achat, la Caisse des dépôts et consignations (CDC) était actionnaire à 29 % et sa filiale CDC entreprise à 12 %. Ce 1er LBO lui a permis de réaliser, en 2006, une plus-value de 972 millions d'euros pour un investissement 280 millions d'euros. En 2006, la holding a monté un second LBO et créé une autre holding installée au Luxembourg, constituée de différents fonds d’investissements où la participation de la CDC est de 24 %. La CDC est toujours le 2e actionnaire de TDF.
Pour TDF, groupe en bonne santé ayant réalisé un chiffre d'affaires de 1,6 milliard d'euros en 2008, qui fait et continuera de faire des bénéfices, rien ne justifiait, au début 2009, de telles décisions. Contrairement à ce que prétend la direction, l'objectif de ce plan est avant tout financier. De plus, il montre que la CDC n'a pas respecté ses missions d'aide au développement économique local et national, particulièrement dans le domaine de l'emploi. Il faut savoir que chaque salarié dégage pour les actionnaires 100 000 euros par an.
L'Etat veut nous faire croire qu'il dénonce les patrons voyous (licenciements et dividendes aux actionnaires et dirigeants) mais il est le premier à montrer l'exemple avec la Caisse des Dépôts et Consignations.
Les activités de TDF, sont essentielles pour l'économie et le fonctionnement du pays. Lorsque la télé analogique sera arrêtée, les chaines ne prévoyant pas d'investir dans des zones où la population est jugée insuffisante, de nombreux foyers français n'auront plus droit à la télé gratuite. A charge pour eux de se doter de réceptions satellite ou pour les collectivités locales (nos impôts) de financer la couverture TNT locale. Mais, ils devront quand même payer la redevance télé. Ne pas investir, ni intervenir dans les activités de TDF serait aussi en contradiction avec le discours de Sarkozy du 22 juin devant le Congrès qui prétendait privilégier les investissements et réindustrialiser la France.
Le 23 juin 80 % des salariés étaient en grève avec occupation du siège à Montrouge (Hauts-de-Seine), puis ont manifesté aux pieds de la Tour Eiffel. L'intersyndicale demande le retrait pur et simple du projet de suppression d'emploi.