FedEx est un des principaux transporteurs aériens mondial, avec plus de 450 avions. C’est cette entreprise qui vient de se faire attribuer par le gouvernement US la distribution du vaccin, à égalité avec l’autre grand transporteur UPS. Avec le Covid, et la baisse des vols passagers, les colis qui voyageaient dans les soutes avec les bagages se sont reportés massivement vers les avions tout cargo de ces transporteurs. Qui font du coup des affaires en or en ce moment. Ainsi, quand le PDG de FedEx France a envoyé un message de victoire à ses employéEs (« Depuis 20 ans que FedEx France existe, nous avons battu tous les records »), les salariéEs basés à Roissy ont vu rouge et se sont mis en grève. Car s’il y a beaucoup de boulot, les salaires sont à la traîne.
Zéro prime
FedEx Roissy avait déjà fait l’actualité avec la mort par Covid, le 26 mars dernier, d’un intérimaire de 60 ans. Du coup l’inspection du travail avait mis l’entreprise en demeure : désinfection régulière des locaux, fourniture de masques, gel et combinaisons. Le travail avait repris mais les salariéEs qui avaient pourtant pris tous les risques n’avaient eu que quelques remerciements de leur direction, mais par contre zéro prime Covid, zéro prime intéressement et participation... Bref le mécontentement montait dans les bâtiments de Roissy où travaillent 2 500 salariéEs, dont 600 intérimaires, en horaires 3×8 car les vols cargo de fret aérien ont souvent lieu la nuit, les créneaux horaires étant moins chers.
FedEx et une entreprise où le turn-over est de plusieurs centaines par an. Et où les salaires sont un peu au-dessus du Smic mais essentiellement grâce aux majorations de travail de nuit et week-end, très pénible et usant. En gros, entre 1 200 et 1 700 euros mensuels, pas de quoi vivre en région parisienne, surtout avec des horaires pourris.
Bref ça a pété, et plusieurs centaines de salariéEs font trois heures de grève en milieu de vacation depuis une semaine. Avec les cadeaux de Noël en route, c’est la période de pointe et ils et elles sont en position de force. Avec une intersyndicale regroupant CGT, CFTC, Sud aérien et CAT, ils réclament prime annuelle de 500 euros, la prime Covid de 1 000 euros, et des hausses de salaire (aux États-Unis FedEx a accordé 2 %).
Alors que nous écrivons, la direction serait prête à ouvrir des négociations. Et les autres salariéEs du groupe suivent attentivement voire envisagent de rejoindre le mouvement.
ADP : la découpe continue
Toujours à Roissy, les syndicats de l’entreprise ADP, Aéroports de Paris, ont finalement signé un accord de rupture conventionnelle collective prévoyant 1 400 départs, dont 700 non remplacés, pour un effectif de 6 500 salariéEs.
La plupart de ces départs sont une forme de préretraite pour les salariéEs, dans une entreprise où la moyenne d’âge est très élevée. La plupart du travail est délégué à des entreprises sous-traitantes sur les aéroports, sans cesse mises en concurrence, pour le plus grand profit d’ADP qui, rappelons-le, devait être privatisée et vendue à Bouygues. La crise Covid est arrivée, le trafic a chuté de 80 % (hors avions cargo, voir plus haut). Avec à côté une filiale ADP ingénierie qui, elle, ferme complètement, laissant sur le carreau ses 200 salariéEs.
Les plans sont donc un peu reportés, les patrons en profitent pour restructurer les emplois, prévoyant toujours plus de précarité, apprentis, stagiaires, intérimaires, sous-traitants… pour quand le trafic aérien redémarrera. Si les vaccins sont là et sont efficaces ?