Les droits de retrait massifs, qui ont concerné environ 10 000 postierEs, et l’intersyndicale large qui s’est constituée dans la foulée (voir l’Anticapitaliste n° 515) ont très clairement mis en difficulté la direction de La Poste, qui ne s’attendait pas à un tel niveau de réaction. L’écho médiatique rencontré par la résistance des agentEs a, de plus, accentué la pression.Le 23 mars, la DRH du groupe annonçait des mesures pour limiter la présence au travail des postierEs. Le principe général (qui trouve différentes déclinaisons, selon les métiers et les branches), c’est que les agentEs (celles et ceux qui ne peuvent télétravailler) travaillent à 50 %, en gardant un niveau de rémunération à 100 %. Ce n’est pas rien, loin de là, notamment si on compare avec ce qui se pratique dans d’autres secteurs déclarés « vitaux ». Et c’est clairement le résultat du rapport de forces qui s’est très rapidement mis en place (même s’il s’agit également d’une réponse à la baisse de l’activité – les flux colis ont par exemple diminué de près de 40 %).
Continuer à se battre
Mais beaucoup de problèmes demeurent. Être moins présentE au boulot ne signifie pas que les risques ont en soi diminué (on est juste moins exposé). À titre d’exemple Castaner a vivement remercié La Poste d’avoir fourni 300 000 masques à son ministère, alors que tous les services ne sont pas pourvus, loin de là (si c’était le cas, ils auraient évidemment dû être livrés aux personnels hospitaliers !). Les salariéEs des filiales ne bénéficient pas du même traitement que celles et ceux de la maison-mère. Soit ils et elles continuent à travailler quasiment à plein temps, soit c’est le chômage partiel. Le cynisme des dirigeants de La Poste n’a d’ailleurs, lui, pas diminué, puisque, dans le Rhône, des offres d’emplois « séniors » sont publiées sur Le bon coin. Les emplois en question sont des CDD réservés… aux plus de 57 ans. Pas de problème pour risquer la vie des salariéEs les plus fragiles, quand il s’agit de profiter d’emplois aidés !L’enjeu est donc de continuer à mettre la pression sur les directions, même dans un contexte où le nombre de postierEs au travail est, de fait, en baisse.