Calberson-Geodis, premier entrepreneur de transports routiers dans le pays et filiale privée de la SNCF, s’est pris une baffe d’importance le 15 juin 2020.
Ce jour, la juge de départage de Nanterre l’a condamné à verser à chacun des 58 salariés, qui l’avaient trainé aux prud’hommes, entre 3 500 et 4 500 euros au titre de prime d’habillage et de déshabillage pour une période allant de juin 2014 à décembre 2019, 140 euros de rappel de prime d’entretien et 300 euros de dommages et intérêts pour exécution déloyale du contrat de travail.
Vol de temps de travail
La juge a aussi condamné Calberson-Geodis à verser à l’UL-CGT de Gennevilliers 100 euros pour chaque salarié « à titre de dommages et intérêts pour préjudice à l’exercice collectif de la profession ».
L’exécution provisoire a été ordonnée pour ces condamnations. La juge a ainsi bien reconnu que les salariés des quais et de l’entrepôt du site manipulent des produits « dangereux et salissants ce qui suppose à l’évidence le port d’une tenue de travail et une action d’habillage et de déshabillage au sein de l’entreprise ».
Calberson-Geodis, comme beaucoup de ses congénères patrons, refusait de payer ce temps. Ils savent très bien que le vol de temps de travail est source de profits. La juge les a donc rappelés à l’ordre en leur imposant de payer aux salariés concernés un quart d’heure de prime par jour travaillé.
Cette victoire en justice est toujours bonne à prendre en ces temps d’offensive tous azimuts de l’adversaire.
Elle a renforcé la confiance en leur force de la majorité des salariéEs. La direction défaite s’est empressée de payer des primes équivalentes à celles et ceux qui n’avaient pas déposé de dossier aux prud’hommes, en leur demandant de se taire et de s’engager à ne pas attaquer la société.
Cette victoire est rendue possible évidemment par le travail des avocats, mais aussi, très important, par la mobilisation acharnée de l’équipe CGT du site, bien épaulée par l’UL, pour la préparation des dossiers et la conviction des salariés.
Calberson n’en restera sûrement pas là, et fera appel. L’enjeu est trop important pour l’intérêt collectif de leur classe. Les salariéEs, leurs syndicats CGT et leurs avocats seront là pour relever le défi.
Des victoires locales partielles sont donc possibles quand sur le terrain des syndicats lutte de classe sont bien vivants. Ces victoires partielles sont importantes, car sans expérience de ces luttes quotidiennes, même partielles, dans une majorité d’entreprises et de secteurs, une victoire majeure des exploitéEs sera très difficile sinon impossible.