En juin 2013, Virgin Mégastore, enseigne de biens culturels implantée en France depuis 25 ans, était liquidée de manière retentissante, entraînant la fermeture de 27 établissements et le licenciement de près de 1000 salariéEs. Grâce à une lutte déterminée, avec le soutien d’une intersyndicale unie, le personnel arrachait un PSE consistant au regard du contexte de procédure collective.
Un an après, les 15 millions d’euros de financement du plan social (seul 1,5 million était initialement budgété pour ce dernier) apparaissent d’autant plus enviables que la situation de nombreux employéEs, qui ont majoritairement opté pour le Contrat de sécurisation professionnel qui assure le quasi-maintien de leur salaire pendant un an, va s’assombrir. En effet, selon le cabinet comptable du Comité d’entreprise, 58 % d’entre eux vont se retrouver sous le seuil de pauvreté à son issue, une fois indemnisé par la seule Allocation de retour à l’emploi… Ce sont des grèves et manifestations à répétition qui auront permis d’obtenir cette somme, dont une manifestation nationale le 29 janvier 2013, avec la montée de près de 600 salariéEs sur Paris pour aller demander des comptes à Butler, l’actionnaire principal de l’enseigne, mais surtout l’occupation, durant plusieurs jours, de 8 magasins au moment de la liquidation. Les fonds alloués sont essentiellement issus, d’une part, des soldes sauvages organisées en mai 2013 et, d’autre part, de la contribution imposée à Butler. Enfin, un partage du surplus, prévu en janvier 2014, se révélera le bienvenu.
Rester solidairesÀ ce jour, ce sont 200 salariéEs qui ont retrouvé un emploi stable, le plus souvent dans un secteur différent de celui d’origine, à l’exception d’une dizaine d’entre eux, essentiellement des libraires, repris par Gibert Joseph, nouvel exploitant du magasin parisien de Barbès. Le travail du comité de suivi du PSE, composé de l’administration du travail, du ministère de la Culture, de Pôle emploi, du mandataire liquidateur, du cabinet de reclassement, de l’AGEFOS et des organisations syndicales, a permis de mettre en place plus de 700 formations, le plus souvent qualifiantes. Il faut aussi compter sur l’implication des Gilets rouges, l’association des ex-Virgin, qui a conseillé, bien au-delà de sa centaine d’adhérentEs, nombre de salariéEs face aux méandres du quotidien de chômeurs. Enfin, SUD Virgin continue le combat en s’apprêtant à introduire, devant les Prud’hommes, une dizaine de dossiers relatifs à la requalification de contrats à temps partiel en temps plein. Cela va permettre, entre autres, la revalorisation du solde de tout compte ainsi que de dommages et intérêts pour travail de nuit illégal, dans la lignée de la décision rendue par le Conseil constitutionnel à l’encontre de Sephora. Toutes ces avancées auraient été entravées par l’application de la nouvelle législation sur les licenciements collectifs issue de l’ANI 2013. Ainsi, les salariéEs des librairies Chapitre, liquidés quelques mois après ceux de Virgin et tout autant déterminés en occupant plusieurs magasins, ont fait les frais de l’homologation par l’administration du travail d’un PSE au rabais… À cette occasion, des « gilets rouges » et les syndicats CGT et SUD leur ont apporté la solidarité, preuve que l’esprit de leur lutte est toujours vivant.
LD