Publié le Vendredi 28 octobre 2011 à 09h28.

Xavier Mathieu : « Entendre, pour une fois, que Continental est coupable »

C’est dans une ancienne patinoire que les dirigeants de Continental côtoient les 526 salariés de Continental qui ont saisi le tribunal des prud’hommes de Compiègne pour contester leur licenciement intervenu à la suite de la fermeture du site de Clairoix. De ce fait, on est parfois loin de l’ambiance feutrée régnant habituellement dans une salle d’audience. Au-delà du refus de principe des licenciements, il s’agit pour eux de se battre jusqu’au bout contre ces patrons voyous. Leur avocate, Marie-Laure Dufresne Castets précise les enjeux de ce procès exceptionnel. Pourquoi saisir les prud’hommes après des mois, des années de lutte ? Ce licenciement a causé aux salariés un dommage considérable, tant matériel que moral, qu’ils ne cessent de mesurer chaque jour un peu plus. Ils ont donc toutes les raisons de demander réparation. Par ailleurs, je ne vois pas en quoi la lutte serait exclusive de l’action en justice ou l’inverse. La direction prétend que le site n’était pas rentable, qu’en est-t-il ?Avec celui de la crise mondiale et de l’impérieuse nécessité de sauvegarder la compétitivité du groupe, il s’agit-là de l’un des prétextes invoqués par la direction de Continental pour tenter de justifier la fermeture du site. En réalité, cette fermeture était prévue depuis 2006 et les volumes de production du site de Clairoix étaient délibérément diminués chaque année. Ce site était aussi rentable que celui de Sarreguemines.Au-delà des arguments économiques, en quoi la direction n’a-t-elle pas respecté les procédures légales ?Nous soutenons devant le conseil de prud’hommes que Continental AG, la société mère de Continental France, située en Allemagne à la tête du groupe, a été le véritable décideur de la fermeture du site de Clairoix en sa qualité de co-employeur des salariés licenciés. Cette fermeture s’inscrit dans la politique générale du groupe de transfert d’activité vers les pays low costs. Cependant, elle a été précipitée par le LBO* opéré par la famille Schaeffler qui, pour prendre le contrôle de Continental a eu recours à des montages financiers audacieux qu’elle fait payer par les salariés des sites « restructurés », voire effacés de la carte comme Clairoix.Aujourd’hui quelle est la situation des anciens salariés de Clairoix ?140 ont un contrat à durée indéterminée, 80 tentent une activité commerciale, les autres travaillent avec un contrat à durée déterminée ou en intérim, 650 sont sans activité.

Le jugement sera rendu le 25 juin.

Propos recueillis par Robert Pelletier* Dispositif d'acquisition d’une entreprise par endettement bancaire facilitant l'acquisition et la défiscalisation du projet.