2 000 manifestantEs comptés pour la manif de 15 h 40 ce mercredi 8 mars, du jamais vu à Grenoble !
L’appel intersyndical à la grève change bien sûr tout, mais c’est aussi le résultat d’un travail féministe de longue haleine mené dans différents cadres.
Un appel à la grève, enfin !
Il a fallu attendre 2017 pour que le 8 mars renoue avec les traditions de grève du début du siècle dernier. Des tentatives avaient déjà eu lieu il y a quelques années à Toulouse. Les femmes d’Argentine avaient lancé un appel en octobre dernier dans la foulée de leurs mobilisations contre les violences. En France, c’est le buzz de l’appel du collectif « Les glorieuses » à cesser le travail qui a encouragé les organisations syndicales à appeler à la grève. Mais de l’appel à la mobilisation, il y a un pas qui n’a été franchi que dans de rares endroits...
Le rôle de la CGT est déterminant vu sa place dans l’échiquier syndical. La mobilisation de la commission femmes mixité nationale ne fait pas de doute. Mais du côté des fédérations ou de la confédération, c’est moins net. En particulier, l’appel à la grève de la fédération de la santé la veille n’a pas aidé à la mobilisation de ce secteur pourtant très féminisé.
En Isère, le collectif droits des femmes de l’union départementale CGT a été un élément moteur de l’organisation du 8. Il a poussé pour qu’il y ait un appel intersyndical départemental (CGT, FSU, Solidaires, UNEF, UNL), des appels à la grève de syndicats d’entreprise, des moyens (tirage des tracts unitaires, prêt de la sono, achat d’une banderole…). Évidemment, il n’y a pas eu des milliers de salariéEs en grève, mais une partie des militantEs CGT étaient bel et bien mobilisés et a fourni une part importante de la manifestation, drapeaux au vent.
Une préparation large et unitaire
En parallèle de la CGT, la plateforme unitaire locale de défense des droits des femmes n’en était pas à son coup d’essai : 8 mars, 25 novembre, 1er Mai, présence dans les manifs contre la loi travail… C’est le cadre unitaire habituel qui mobilise sur les questions féministes. Le Planning familial y est présent et si le noyau dur est assez restreint, la plateforme est légitime localement pour fédérer l’ensemble des organisations syndicales et politiques de gauche ainsi que les associations. Des étudiantes non organisées sont venues chercher des infos et des moyens. 25 000 tracts ont été distribués dans l’agglomération : sur des marchés, à la porte des entreprises, à des arrêts de tram, sur le campus universitaire…
Il existe par ailleurs une mouvance féministe radicale, plus ou moins organisée suivant les périodes, qui proposait plusieurs initiatives autour du 8 mars, en non-mixité : débat, projection de film, manifestation le samedi 11 mars. Même si les liens sont fragiles et que la défiance de part et d’autre perdure, il y avait la volonté de ne pas se faire concurrence, de ne pas s’opposer. La manifestation non mixte a réuni une centaine de personne, parcourant les rues du centre-ville de Grenoble en ce samedi après-midi ensoleillé.
Et après ?
Du côté de la CGT, la mobilisation sur ces questions sera maintenue car le collectif droits des femmes est alimenté par l’activité de terrain sur deux aspects principaux : dix militantes CGT sont en cours de procédure aux prud’hommes contre leur employeur (une des plus grosses boîtes privées du bassin) pour discrimination sexiste d’une part, et un travail de fond sur la prise en charge syndicale des agressions sexistes, sexuelles et du harcèlement d’autre part.
Du côté de la plateforme unitaire, le 1er Mai approche à grands pas, dans ce contexte particulier d’élection présidentielle. La visibilité des revendications féministes à cette occasion est à l’ordre du jour de la prochaine réunion.
Elsa Collonges