Mercredi 16 décembre, une jeune adolescente trans, Fouad (connue aussi comme Luna ou Avril) mettait fin à ses jours dans le foyer où elle résidait, à Lille. Elle étudiait au lycée Fénelon où, quelques jours auparavant, une altercation entre elle et sa CPE pour une histoire de port de jupe avait été le point culminant des violences subies par la jeune femme.
Le cas de Fouad est emblématique de cette violence transphobe qui touche de plein fouet la jeunesse en France. Il y a quelques mois, Doona, une étudiante trans, se jetait sous un train en gare de Montpellier. D’autres suicides non médiatisés sont à compter au sein des communautés trans.
Violences et discriminations
Ces dernières années, les agressions, voire les meurtres envers des personnes trans, en France et dans le monde, se sont multipliés. En 2019, 331 femmes ont été assassinées dans le monde parce que trans1. Et au-delà de ce chiffre alarmant, les discriminations à l’emploi, au logement, à la santé, dans la vie quotidienne, sont monnaie courante.
En France, ces discriminations sont le résultat du mépris des institutions à l’égard des personnes trans. Leur précarité est dénoncée depuis des années par nombre d’associations, et malgré ça, il est toujours extrêmement compliqué ne serait-ce que d’avoir accès à un traitement hormonal ou de changer ses papiers2.
Précarisées, rejetées, les personnes trans, quand elles ne sont pas agressées voire tuées, se suicident à cause de cette violence quotidienne. Ces suicides sont des crimes institutionnels. Les institutions d'État sont un organe du patriarcat, elles maintiennent la différenciation de genre. Les gouvernements peuvent agir pour y mettre fin. Ne rien faire, c’est être complice.
Mobilisation !
Aujourd’hui, sans le travail acharné des associations LGBTI, nous ne pouvons imaginer la misère encore plus terrible dans laquelle vivraient les personnes trans.
C’est contre cette situation mortifère qu’il faut agir. La jeunesse, à travers ses collectifs, syndicats, se mobilise et essaie de faire changer les choses.
Depuis le suicide de Fouad, une mobilisation s’est mise en place au lycée Fénelon. Un hommage en sa mémoire a eu lieu vendredi 8 janvier au sein de l’établissement3, et les lycéenEs comptent ne pas s’arrêter là.
Ce sont ces mobilisations que nous devons soutenir et créer partout où nous sommes, avec nos comités, nos collectifs, nos syndicats, pour que les personnes trans ne soient plus réduites à devoir compter leurs mortEs.
#JusticePourFouad
- 1. « La réalité de la transmysoginie », 25 septembre 2020 : https://lesguerilleres.w…
- 2. Virginie Ballet, « Transphobie : une violence au quotidien et à tous les niveaux », 3 avril 2019 : https://www.liberation.f…
- 3. Julien Bouteiller, « Après le suicide de Fouad, un hommage et des avancées au lycée Fénelon à Lille » : https://actu.fr/hauts-de…