Publié le Jeudi 24 avril 2025 à 08h00.

La Cour suprême britannique valide la transphobie

Mercredi 16 avril, après deux échecs en 2023, la Cour suprême britannique a obéi à l’organisation anti-trans « For Women Scotland » et réduit la définition de « femme » au « sexe biologique ». C’est l’aboutissement d’un mouvement astroturfé 1et financé par des milliardaires qui mènent depuis des années la guerre aux personnes trans.

For Women Scotland avait attaqué le gouvernement écossais pour avoir inclus les femmes trans, conformément à la loi de 2004 sur le changement d’état civil, dans la catégorie légale des femmes, protégées contre toutes les discriminations et violences sexistes et comme bénéficiaires des mesures liées à la parité.

Aucune personne trans n’a été auditionnée. Une juge trans a été écartée, et les témoins entendus appartenaient tous à des groupes transphobes. Le jugement était donc programmé. Ce n’est pas une surprise s’il réduit les identités trans à des lubies de gens qui « imaginent » appartenir à un groupe social, loin de la réalité de nos vécus.

Une idéologie essentialiste et patriarcale

La Cour estime que lors de l’écriture de l’Equality Act en 1975, le législateur considérait que les femmes se définissent par leur capacité à accoucher avant tout. Cela signifie que l’identité de femme s’y réduirait, et que les protections contre le sexisme viennent du fait qu’elles seraient plus vulnérables physiquement que les hommes à cause de leurs grossesses.

Cela relève d’une idéologie essentialiste et patriarcale, qui implique donc que les femmes qui n’ont pas d’enfants, qui sont stériles ou ménopausées, ne subissent pas de discriminations au travail. Cela va à rebours de toutes les élaborations féministes pour qui les bases de l’oppression des femmes ne sont pas biologiques, mais sociales et économiques.

Mais cette décision a surtout des impacts à l’encontre des personnes trans. Elle acte leur impossibilité concrète d’exister publiquement dans la mesure où de nombreux emplois ou lieux de vie nécessitent de passer par des espaces non mixtes (vestiaires, toilettes, etc.) auxquels elles n’ont légalement plus accès.

Se mobiliser pour de nouveaux droits pour les personnes trans

Elle entérine aussi que les femmes trans ne doivent bénéficier d’aucun service de protection face au sexisme 2 (refuges pour femmes sans-abri, victimes de viol ou de violences conjugales), alors qu’elles en sont davantage victimes que les autres femmes 3,4. Elle garantit de facto qu’au Royaume-Uni des femmes pourront être battues, agressées, violées ou tout simplement discriminées, sans qu’elles ne puissent se défendre.

Aujourd’hui, alors que l’offensive antitrans se déploie au niveau mondial et que l’extrême droite menace, nous ne pouvons plus nous contenter de répéter que « Les femmes trans sont des femmes ! Les personnes trans sont légitimes ! » sans implication concrète.

À l’appel des syndicats et organisations trans, des milliers de personnes ont manifesté dans tout le Royaume-Uni ce samedi. En France aussi, il est urgent de se mobiliser pour défendre nos droits et en gagner de nouveaux. La question du changement d’état civil sur simple demande doit être à l’ordre du jour des Prides, et doit être portée plus largement par tout le mouvement social, les syndicats, la gauche sociale et politique.

Sally Brina