Samedi 7 novembre à Madrid était appelée une marche contre les violences faites aux femmes. 268 cars provenant de toutes les villes du pays ont convergé pour une grande manifestation féministe, dont l’idée avait émergé du mouvement féministe Estatal, rejoint par de nombreuses organisations, associations et partis politiques.
Il s’agissait de dénoncer la mort de 71 femmes assassinées par leur conjoints, mais aussi de dénoncer l’ensemble des violences sexistes qui touchent les femmes. Tous les partis politiques, y compris les partis de droite, étaient présents : cela peut paraître étonnant, mais les élections approchant à grands pas, la récupération reste de mise.
Pour autant, ce sont bien les revendications des féministes qui étaient mises en avant dans cette manifestation : la remise en cause de la politique du gouvernement, notamment parce qu’il a réduit les aides allouées aux femmes victimes de violence, ou encore la demande d’une meilleure législation permettant aux femmes d’être protégées. Dans cette marche se trouvait bien l’idée défendue par nos camarades d’Anticapitalistas – présentEs en grand nombre à la manifestation – que seul un mouvement autonome des femmes, une résistance féministe, c’est-à-dire la construction d’un rapport de forces, permettra aux femmes de l’État espagnol de ne plus subir cette violence et de gagner de nouveaux droits. Pour que la peur change de camp, partout dans le monde, les femmes ne peuvent compter que sur leurs propre forces.
Féministes tant qu’il le faudra !
Évidemment, cette marche est à remettre dans le contexte des différentes attaques que subissent les femmes dans le pays, que ce soit au niveau des salaires et des licenciements, mais aussi sur la question de l’avortement. Les manifestations pour le droit à l’avortement avaient déjà rassemblé des centaines de milliers de personnes. Un mouvement féministe et de masse se construit en parallèle, mais sans déconnexion des luttes contre l’austérité. Si la marche est à mettre dans un contexte propre à la dynamique des mobilisations dans l’État espagnol, il est évident que nous subissons les mêmes attaques en tant que femmes en France et partout en Europe.
Si les manifestations pour la solidarité avec les femmes de l’État espagnol avaient pu rassembler plus de 100 000 personnes en France il y a trois ans, le mouvement féministe est aujourd’hui divisé et en grande difficulté. Alors que l’on compte 134 femmes mortes en 2014 en France, il nous faut prendre l’exemple des féministes de l’État espagnol pour nous employer à reconstruire un mouvement autonome des femmes, large et de masse, en commençant par nous appuyer sur les prochaines manifestations contre les violences faites aux femmes, les samedi 21 et mercredi 25 novembre (avec une manifestation non mixte dans les rues de Paris).
Mimosa Effe