Publié le Vendredi 12 janvier 2018 à 09h08.

« On ne peut que se satisfaire de la libération de la parole des femmes, mais ça ne doit pas s’arrêter là »

Depuis la fin de la campagne présidentielle, les invitations adressées au NPA par les grands médias se font rares. Mais elles sont toujours l’occasion pour nous de tenter de faire entendre un autre son de cloche et de se faire l’écho de thématiques et de mobilisations que nous jugeons essentielles. C’est ainsi que, le 8 janvier dernier, Philippe Poutou a pu évoquer, entre autres, la question de la libération de la parole des femmes lors de l’émission « Punchline » diffusée sur CNews et présentée par Laurence Ferrari.

« [Avec le mouvement Time’s up], c’est plutôt satisfaisant, ce qu’il se passe aux États-Unis. Même les ouvrières Ford, d’ailleurs, aux États-Unis, libèrent leur parole et s’attaquent à des cadres ou à des chefs qui ont imposé, dans les années 1990 notamment, des relations très dures et notamment des abus sexuels. On ne peut que se satisfaire de la libération de la parole, mais ça ne doit pas s’arrêter là. 

On a vu qu’en France, pendant quelques semaines, pas mal de choses se sont passées, et puis là on a l’impression que ça se tasse un peu. C’est dangereux pour les femmes et pour l’égalité des droits pour toutes et tous. À un moment donné, la parole doit être suivie d’une véritable mobilisation. Ça a été tenté à travers les #MeToo, il y a eu une mobilisation à Paris, qui n’était pas énorme, mais qui était quand même quelque chose qui pouvait montrer qu’à un moment donné, quelque chose pouvait se reconstruire dans la rue. 

Encore une fois, même si on est obsédé, nous on pense que c’est déterminant que la population, que les femmes prennent leurs affaires en main, qu’elles s’organisent et que le mouvement féministe se reconstruise.

On avait un mouvement féministe en France, dans les années 70, qui était assez costaud, qui a réussi à imposer des droits comme le droit à l’avortement. Mais on pense aujourd’hui que la lutte contre le harcèlement, contre les violences sexuelles, que ce soit au travail, dans les transports ou même dans le foyer, ça posera le problème de toute façon qu’il y ait le mouvement féministe qui se reconstruise et qu’il y ait la solidarité, que ce soit large, que les hommes s’en mêlent. 

C’est aussi s’affronter à un pouvoir masculin, ce qu’on appelle le patriarcat : une société où c’est les hommes qui dominent, où c’est les hommes les mieux payés, c’est les hommes qui ont les meilleurs boulots. 

Donc de toute façon, ça veut dire une sacrée confrontation et nous on espère qu’à travers cette parole qui se libère, il y a quelque chose qui se mette en place et qui change le rapport de forces. »