Cela fait maintenant des décennies qu’un certain nombre de comportements — au mieux très inappropriés, au pire dangereux — sont liés aux promotions des facs de médecine partout en France. Ils sont accompagnés d’une forme de complaisance qui semble liée à la réputation de ces promos que l’on veut très studieuses au sein d’études très difficiles et exigeantes.
Alors même que nous lisons et comprenons un peu plus chaque jour l’horreur qui entoure le procès des viols de Mazan, d’autres à Tours semblent très détenduEs sur la question. Au point d’avoir pris le temps de peindre, exposer et photographier une banderole autodiagnostiquée humoristique, mettant en scène une femme nue évanouie dans un verre d’alcool sous un pénis en érection, sous-titré d’un très poétique « Les GHBites ».
Esprit carabin
On semble leur permettre un « esprit carabin » dont ils se défendent même devant les associations féministes et la presse qui leur demandent de se justifier d’une telle banderole. Un esprit carabin qui veut s’affranchir du « tribunal populaire », qui permettrait de justifier tout et n’importe quoi, y compris de jouer sur la ligne rouge entre mauvais goût et violence pure à la sauce patriarcat et culture du viol. Ce qui pose déjà̀ légitimement souvent question lorsque l’humour est un métier (Bigard, par exemple, pour ne citer que lui) devrait nous interroger d’autant plus lorsque les personnes qui s’amusent de la soumission chimique et du viol sont celles qui seront demain médecinEs, chirurgienNEs ou encore gynécologues.
Une tolérance aux VSS
En outre, nous rappelons qu’un étudiant en médecine à Tours avait récemment fait l’objet de poursuites pour agression sexuelle, ce qui ne l’a pas empêché de poursuivre ses études à Limoges puis à Toulouse, dans des facultés qui se renvoient désormais mutuellement la responsabilité pour ne pas avoir à assumer d’éventuelles sanctions, encadrements ou permanences autour du vaste sujet des violences sexistes et sexuelles. Il est déplorable et inquiétant de constater une fois de plus quelles personnes se trouvent et se trouveront derrière un milieu médical déjà maltraitant, car maltraité par les politiques d’austérité successives et qui n’a donc pas besoin d’être en prime composé par des personnes qui s’amusent des violences subies par les femmes qui compteront parmi leurs futurs patients.
Plainte de collectifs féministes
Comment pouvons-nous faire confiance à un système aussi permissif, passif et tolérant de la violence causée par le patriarcat pour s’occuper des corps qui leur sont présentés pour intervention ? Quels regards ces gens auront-ils lorsqu’il leur faudra prodiguer soins et bienveillance à des femmes victimes de violences, abus ou encore soumissions chimiques dans les services d’urgences ? Avec quelles réponses aux traumatismes psychologiques qui leur seront évoqués ? Ces vécus deviendront-ils un sujet d’amusement avec les collègues de service ?
Une plainte a été déposée par plusieurs collectifs féministes contre les responsables de cette banderole, ce qui intervient conjointement avec l’ouverture d’une enquête et l’appel à une réunion unitaire le 24 octobre à la faculté de médecine.
CorrespondantEs