Publié le Samedi 9 octobre 2010 à 15h12.

Afghanistan : l’impérialisme embourbé

Pour répondre à l’hostilité grandissante de l’opinion américaine, Barack Obama a déclaré que sa stratégie en Afghanistan cherchant à préparer le retrait américain pour juillet 2011 n’avait pas « échoué pour l’instant ». Optimisme de façade contredit par les faits. Obama se fait l’écho des déclarations du général Pétraeus, le commandant des forces de l’Otan, qui dit avoir « repris l’offensive » en engageant l’opération « frappe du dragon » par la bataille de Kandahar, dans la région patchoune du sud du pays. Cette offensive aurait dû débuter au printemps et son report est l’expression d’une situation instable qui échappe de plus en plus à l’Otan comme au gouvernement fantoche de Karzaï. Les résultats des élections législatives du 18 septembre, qui se voulaient une démonstration, sinon de l’autorité du pouvoir, au moins de sa volonté démocratique, ne seront pas connus avant le 31 octobre. Elles ont été dominées une fois encore par la fraude, la corruption. Sous la pression des talibans, elles ont été largement boycottées. Le chiffre de 40 % de participation semble largement surestimé. Dans le souci de donner de la crédibilité à la politique américaine qui prétend passer la main à l’armée et la police afghane, Karzaï vient de fermer huit sociétés privées étrangères, sur les 52 qui opèrent sur le territoire à l’ombre des armées d’occupation. Il a aussi procédé à la nomination des 68 membres d’un Haut Conseil pour la paix, chargé de négocier les ralliements de talibans au nom de la « réconciliation nationale ». Autant de gestes politiques qui ne peuvent masquer le fait que l’escalade guerrière de plus en plus meurtrière plonge le pays dans le chaos. La population civile paye un tribut de plus en plus lourd et les pertes américaines en 2010 ont été les pires de toute la guerre. Et cela dans un des pays les plus pauvres du monde avec le taux d’alphabétisation et l’espérance de vie les plus bas. La situation dans toute la région se dégrade. La multiplication des attaques meurtrières des drones de la CIA contre les bastions des talibans dans la région pakistanaise frontalière du Nord-Waziristan aggrave les tensions. Une instabilité croissante et meurtrière qui nourrit la haine contre les puissances impérialistes dont l’aide face au drame des inondations est, à l’opposé, dramatiquement faible. Les talibans tirent bénéfice de cette situation. La stratégie impérialiste est tout autre que les faux-semblants politiques. Le secrétaire général de l’Otan, Rasmussen, l’a souligné, dans une interview au journal espagnol ABC : les troupes de l’Otan resteront « le temps qu’il faudra pour finir le travail » et « la défaite n’est pas une option, nous vaincrons », quel qu’en soit le coût humain et financier. Chaque jour, la seule participation française à la guerre coûte près de 1,3 million d’euros. Assez de cette sale guerre, hors d’Afghanistan les troupes impérialistes !Yvan Lemaitre