Business et sécurité sont peut-être les deux mots qui peuvent le mieux résumer le voyage de François Hollande en Afrique qui s’est déroulé la semaine dernière.
Sa première étape, placée sous le signe des affaires, fut en Côte d’Ivoire. Flanqué d’un aréopage de chefs d’entreprises, Hollande a visité son ami Alassane Ouattara arrivé au pouvoir par la force des blindés français. Ce pays est important pour la France. En effet, plus de 800 entreprises françaises y sont présentes et des contrats particulièrement juteux sont à signer, notamment dans la construction d’infrastructures et l’assainissement de l’eau... une spécialité de la multinationale hexagonale Veolia. Bien évidemment Hollande n’a rien dit sur les atteintes aux droits de l’homme, sur les chefs de milices, les fameux « com’zones », qui aidèrent Ouattara à prendre le pouvoir. Ceux-ci se sont rendus coupables de crimes de guerre qui relèvent de la Cour pénale internationale et qui sont désormais chargés de la sécurité dans les différentes provinces du pays. Hollande a bien rencontré les ONG et l’opposition, le Front populaire ivoirien, pour lui conseiller de rentrer dans le rang en participant aux prochaines élections présidentielles...
Barkhane, énième opération militaire françaiseLe second pays visité fut le Niger, où Areva, entreprise d’État, pille depuis des décennies les mines uranifères. Cela avec des conséquences désastreuses pour la santé des habitants et des travailleurs et l’environnement du fait d’une radioactivité importante et de l’assèchement des nappes phréatiques lié à l’exploitation minière. Hollande a naturellement défendu le nouveau dispositif militaire Barkhane : une implantation militaire française capable d’agir à tout moment et de manière autonome sur la bande sahélo-saharienne. Le but en serait de lutter contre les djihadistes et le trafic des armes qui viennent essentiellement de Libye, véritable sanctuaire des milices islamistes radicale, depuis que Sarkozy a eu la lumineuse idée – sous les conseils toujours très avisés de Bernard Henri Levy – de bombarder le pays, provoquant ainsi sa dislocation. Ce dispositif militaire pérenne comprendra au moins 3 000 hommes dont un millier qui continuera à être déployé au Mali, 200 véhicules blindés, une vingtaine d’hélicoptères des aéronefs de transport, des drones et des avions de chasse. Le siège se situera à N’Djamena capitale du Tchad et dernière étape du périple africain du président français. Ce pays reste le partenaire privilégié de la politique néocolonialiste de la France en Afrique. De nouveau, Hollande a fermé les yeux sur les graves atteintes aux droits de l’homme dont sont victimes opposants et syndicalistes et continue la politique de Sarkozy dans son soutien indéfectible au dictateur tchadien Idriss Déby.
Le sabre et le pognonLe dispositif Barkhane est une accentuation de la présence militaire française en Afrique, confirmant son rôle de gendarme du continent au profit des principales puissances économiques mondiales. Le but reste d’imposer la stabilité de la région, ce qui revient dans la plupart des cas à soutenir les pires dictatures contre la volonté des populations, afin que les multinationales puissent en toute sérénité continuer de s’accaparer les principales richesses de l’Afrique. Les militaires français pourront mener toutes les interventions qu’ils souhaitent dans les pays concernés par ce dispositif, à savoir la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso le Niger et évidemment le Tchad.Barkhane n’est pas le seul dispositif qu’utilise la France, les accords militaires permettant aussi une présence militaire sur la durée. À cet égard, l’accord de coopération militaire entre le Mali et la France, signé le 16 juillet, confirme ce que les opposants à l’intervention militaire française dans ce pays expliquaient : une fois sur place, les troupes françaises resteront.
Paul Martial