Une fois de plus, le chef de l’état-major Ahmed Gaïd Saleh a insisté dans son dernier discours sur la nécessité de tenir l’élection présidentielle, présentée comme seule et unique issue à la crise systémique que vit l’Algérie. Le chef de l’État par intérim Abdelkader Bensaleh et le coordinateur du panel de dialogue et de médiation Karim Younes, engagés à conduire la transition, appellent les partis politiques et les associations à discuter les modalités de préparation des élections.
Mais le discours du chef de l’état-major n’a que fait que renforcer la détermination des AlgérienEs qui, comme chaque mardi et vendredi, ont fait une démonstration de force dans la rue. Le vendredi, étaient massivement repris, dans les rues, les chants et slogans « Ni Saleh ni Bensaleh, système rayeh rayeh» (« Ni Saleh ni Ben Saleh, le système tombera »), « Ni présidentielle, ni coup d’État militaire, pour une transition à la base », ou encore « Nous voulons aller vers un État démocratique et social ». Ces mots d’ordre traduisent, premièrement, le refus catégorique d’une transition chapeautée par ceux qui ont cautionné les politiques néolibérales et les pratiques antidémocratiques du régime, essentiellement sous le règne de Bouteflika et, deuxièmement, l’aspiration d’un peuple engagé à aller jusqu’à la destitution du régime. Un mouvement qui, dans sa diversité, exprime son attachement aux droits et libertés démocratiques et sociales.
Une rentrée sociale de lutte et de mobilisation
Les travailleurEs et les étudiantEs ont joué un rôle primordial en termes de mots d’ordre et d’engagement depuis le début du mouvement. Les premiers réclament et revendiquent encore le départ de la clique bureaucratique de la centrale syndicale (Union générale des travailleurs algériens – UGTA) qui, après un congrès fantoche tenu le 21 juin dernier, n’a fait que remplacer Sidi Said (ex secrétaire général) et quelques membres de sa clique par une nouvelle bureaucratie qui a cautionné les attaques contre le monde du travail et les acquis du mouvement ouvrier. Face aux étudiantEs, le régime continue à s’entêter, ne voulant pas céder aux revendications du Hirak. Ces derniers ont continué à protester chaque mardi, même durant la période estivale, et sont revenus massivement lors de la dernière marche du mardi, appelant à l’unité des étudiantEs au niveau national pour construire une alternative politique capable de renverser le régime.
Les appels pour l’unité commencent à se propager dans les villes entre étudiantEs, travailleurEs, femmes, chômeurEs… Une campagne pour l’auto-organisation se fait par des débats publics, essentiellement dans les villes du nord, pour construire un processus constituant, garant d’une transition démocratique. L’assemblée constituante souveraine est plus que jamais nécessaire pour rédiger une nouvelle Constitution, avec un contrôle populaire à la base, car c’est dans cette assemblée constituante que les intérêts de classe se confronteront autour des réformes, de lois et de droits : le point de départ d’une lutte de classes à un stade supérieur.
Hamamouche Nonor