Ce dimanche 25 octobre aura lieu le premier tour des élections présidentielles en Argentine. Il marquera la fin du cycle « kirchnériste » ouvert en 2003.
Le « succès » du « modèle » kirchnériste est parti de mesures prises par le président précédent Eduardo Duhalde. Une dévaluation sauvage, un chômage de 25 % et la complicité de la bureaucratie syndicale ont stoppé temporairement les luttes ouvrières qui se poursuivaient depuis l’insurrection populaire de 2001. L’autre pilier de la reprise économique a été les dix années de montée des prix des matières premières... et de profits extraordinaires pour la bourgeoisie argentine et les multinationales.
Avec la chute des prix des matières premières, la crise économique s’approfondit. Les réserves de la Banque centrale se sont réduites à quatre milliards de dollars. L’inflation devrait frôler les 15 % en 2015 et le FMI prévoit 25 % pour 2016. Le gouvernement envisageait une croissance de 3 % en 2016, mais pour les experts elle sera de 0,4 % en 2015 et de moins 0,7 % en 2016. Avec ces chiffres, personne ne doute que le prochain gouvernement dévaluera la monnaie. La seule question est s’il le fera de façon brusque ou graduellement.
C’est dans ce contexte de crise que les Argentins iront voter pour l’un des six candidats ayant obtenu plus de 1,5 % des voix aux élections primaires ouvertes simultanées et obligatoires (PASO). Selon la loi électorale argentine, un candidat est élu au premier tour s’il obtient 45 % des voix, ou s’il remporte 40 % des voix avec une différence de plus de 10 % sur le candidat suivant.
Selon les sondages, Daniel Scioli, le candidat du Front pour la victoire (un front des péronistes et du kirchnérisme) peine à obtenir plus de 38 % des voix. Son rival le plus proche, Mauricio Macri, le candidat de Cambiemos (un front de la droite) n’obtiendrait que 29 % des voix. Sergio Massa (un ancien kirchnériste qui regroupe des péronistes dissidents) aurait 21 %. La tenue d’un second tour, qui aurait lieu le 22 novembre, est donc une possibilité.
Et à gauche ?
Les sondages donnent 3 % à Nicolás del Caño, le candidat du FIT (Front de la gauche et des travailleurs) et seul représentant de la gauche trotskiste. Del Caño s’est installé dans le panorama politique national après sa participation à un débat télévisé avec quatre autres candidats (Scioli refusant d’y participer). Bon communicant, il y est apparu comme le représentant de la jeunesse argentine. D’autres secteurs de gauche, comme Luis Zamora ou le Nuevo MAS, appellent à voter pour lui. On peut espérer un bon résultat, dans le cadre des paramètres qui ont été décrits.
Des élections législatives se tiendront simultanément, notamment pour renouveler la moitié des sièges du Parlement national. Aux trois députés nationaux dont le FIT dispose déjà pourraient s’ajouter entre deux et cinq nouveaux élus. Le FIT pourrait également renforcer sa présence dans six parlements provinciaux.
Mais plus important, l’année prochaine sera une année de luttes. Quel que soit le vainqueur des urnes, il devra mettre en place un plan d’austérité brutal. Et le mouvement ouvrier va résister. Dans cette situation, les trotskistes argentins ont une grande responsabilité, bien au-delà de quelques succès électoraux : construire ensemble un grand parti pour le socialisme, solidement ancré au sein de la classe ouvrière d’un pays où « la gauche », c’est le trotskisme.
Virginia de la Siega