Publié le Jeudi 22 octobre 2015 à 10h46.

Assad à Moscou : Le jeu sanglant des grandes puissances

Trois semaines après l'engagement militaire de la Russie en Syrie, Poutine a invité à Moscou Bachar al Assad afin de souligner son soutien à son ami le dictateur sanglant. Il l'a invité ou plutôt fait venir à bord d'un avion de transport militaire russe pour qu'il vienne lui exprimer sa « gratitude » et démonter aux autres grands puissances ainsi qu'aux puissances locales, Arabie saoudite, Egypte, Turquie, Iran que Poutine était bien le maître de la situation. Il affirme ainsi que la Russie est incontournable à défaut d'avoir la moindre réponse pour mettre un terme à cette guerre réactionnaire et barbare.

La Russie justifie son intervention en Syrie par la nécessité de freiner l'expansion des djihadistes de l'Etat islamique (EI) et des autres groupes "terroristes". Il prend au mot les déclarations des USA, de la France, de la Grande Bretagne pour justifier sa propre intervention pour sauver le régime des principaux massacreurs.

Poutine nargue ses rivaux : "Les progrès militaires de l'armée syrienne sur le terrain doivent permettre de poser les bases d'une solution politique à long terme, impliquant toutes les forces politiques, ethniques et religieuses de Syrie. [...] Nous sommes prêts à contribuer à la recherche d'une solution politique, pas seulement en luttant militairement contre le terrorisme mais en menant aussi un processus politique".

Cette solution politico-militaire passe inévitablement pour Poutine par la perpétuation du régime de son protégé Assad. Il joue des contradictions des USA et de la France qui, depuis le début, ont tout fait pour empêcher l'effondrement du régime d'Assad. La décision de Hollande de procéder à des frappes aériennes a ouvert la porte à l'intervention directe et ouverte de la Russie. Et maintenant Hollande, cynique, fait semblant de ne pas comprendre : “Je veux croire que le président Poutine a convaincu Bachar al Assad d'engager au plus tôt la transition politique et de quitter la place le plus rapidement possible. J'imagine que ça pourrait être d'ailleurs le sens de cette rencontre”, a-t-il dit lors d'une conférence de presse à l'Elysée. Comme s'il n'était pas évident que Poutine veut sauver le régime de Assad ! Mais la France comme son coach les USA sont prisonniers de leur propre ambiguïté dont joue Poutine.

Les uns comme les autres ont craint et craignent l'intervention des peuples pour décider de leur sort au point de sauver la mise à Assad ou de le soutenir ouvertement selon leur calcul et leurs intérêts divergents. Un jeu sanglant contre les peuples. 

Yvan Lemaître