Le meurtre, le 15 septembre dernier, d’un lycéen de 15 ans, poignardé par un autre jeune de son âge, devant un arrêt de bus pour lui voler son portable, a provoqué une grande émotion dans l’île.
Marche blanche d’un côté, envoi de renforts de gendarmerie et venue de Cazeneuve annoncée pour le 1er octobre de l’autre, les véritables causes de la violence ont été plutôt occultées dans cette tragique histoire. Parmi les départements français, celui de Guadeloupe est celui qui concentre le plus d’homicides, détenant ainsi un triste record. Incontestablement, la violence contre les personnes est en recrudescence.
Mais est-ce « parce que certaines cellules familiales sont défaillantes, parce que de plus en plus de jeunes n’ont pas de repères éducatifs et culturels, subissent la loi des gangs » et suffit-il de revendiquer des « offres éducatives, culturelles, artistiques et sportives fortes », comme l’écrivait le collectif appelant à la marche du 21 septembre contre la violence ?Est-ce que la solution est d’envoyer toujours plus de gendarmes, comme l’a annoncé et fait dans la foulée Cazeneuve, avec l’arrivée de 70 gendarmes le week-end qui a suivi le meurtre ? Certainement pas ! D’ailleurs, la police était présente devant le lycée lorsque le jeune lycéen a été tué. La sécurité ne peut être assurée par un gendarme derrière chaque habitant.
Violence sociale
Il faut plutôt chercher les raisons de cette violence du côté des 60 % de chômeurs parmi les jeunes de l’île, qui n’ont aucune perspective d’avenir. En Guadeloupe, tout se dégrade : les services publics, l’eau qui manque dans les robinets, les transports en commun réduits à la portion congrue et qu’il faut attendre interminablement. Le chômage de masse est une violence sociale, « la violence mère de toutes les violences », comme le dénonçaient les jeunes manifestants sur leurs pancartes.Comme en métropole, mais d’une façon encore plus brutale, c’est la population qui subit la crise, alors que les possédants sont abreuvés de subventions de l’État et de l’Union européenne. C’est de ces aspects du problème, gommés par les pouvoirs publics, que des jeunes et moins jeunes ont appelé deux samedis de suite à discuter lors de réunions collectives à Pointe-à-Pitre, pour réfléchir ensemble aux solutions afin de sortir de cette spirale infernale.
Régine Vinon