Publié le Mardi 30 novembre 2021 à 17h01.

L’État jette la Martinique et la Guadeloupe dans le chaos

Depuis plusieurs semaines, la Martinique et la Guadeloupe sont en ébullition. Une crise sociale majeure qui couvait depuis longtemps a explosé en réaction, au départ, aux obligations sanitaires que l’État voulait imposer à une population à qui la France ne sait pas parler d’autre langage que celui de la répression.

 

L'image caricaturale du colonialisme tardif qui sévit en Martinique, en Guadeloupe, en Guyane, est représentée — hasard ou nécessité ? — par le ministre des colonies, un certain Lecornu. L'individu débarque en Guadeloupe, précédé de son armada (GIGN, RAID) qui n'a pas à ce jour rétabli « l’ordre » que ledit ministre donnait comme condition de sa venue.

« République » à géométrie variable

À peine descendu de son char, l'envoyé impérial rencontre les forces de l'ordre et bombe le torse dans une conférence de presse menaçante. Il formule une exigence surréaliste :  la discussion avec les organisations syndicales est subordonnée à la dénonciation par les syndicats des violences nocturnes qui se sont déroulées en marge du conflit.

Le conflit a un point de départ : le refus de l'obligation vaccinale et le pass sanitaire par une nette majorité de la population tant en Guadeloupe qu'en Martinique. Ce refus est largement un effet collatéral du colonialisme. La défiance de la population vient de loin. L'indignation liée au scandale du chlordécone n'est que l'exemple le plus prégnant des dernières décennies.

Confronté à ce refus massif, le pouvoir colonial n'a trouvé qu'une réponse : la « loi de la République » doit s'appliquer sur tout le « territoire national ». Les dérogations, c'était bon pour l'interdiction de semer le poison du chlordécone. Ce n'est pas pensable pour l'obligation vaccinale !

Situations complexes

En Guadeloupe, une mobilisation profonde, unitaire, sous l'égide du mouvement syndical, met régulièrement dans la rue des milliers de manifestantEs et des barrages sur l'ensemble du territoire.

En Martinique, la situation est plus complexe. La grève générale, partiellement suivie, entre parfois en discordance avec des barrages qui gênent aussi le déplacement des militantEs lors des appels quasi quotidiens au rassemblement à la maison des syndicats. Une fraction de la jeunesse porte sa colère, à la fois contre l'obligation vaccinale et sur le désastre social qui ronge le pays. En marge, des destructions, des pillages, des incendies frappant quelquefois des éléments dont la population a besoin (lycée, centre de formation, cabinets médicaux , pharmacie, bureau de poste de proximité…). La récente attaque d'une gendarmerie, dans un tel contexte, prend un relief particulier.

Les exigences du moment

L'État, les éluEs, les autorités en général se révèlent incapables d'organiser une sortie de crise par une véritable négociation.

Une grande responsabilité repose aujourd’hui sur une intersyndicale interprofessionnelle et sur celle de la santé qui a pendant plusieurs semaines tenu la dragée haute au pouvoir. Renforcer la cohésion et l'unité de ces structures, assurer la coordination des forces en lutte, contraindre les éluEs progressistes à se mettre à la hauteur qu'exige la situation, telles sont les taches auxquelles nos camarades s'attellent. La solidarité du mouvement ouvrier de France est une nécessité pour éviter le pire et ouvrir la voie à de réelles avancées.