Publié le Lundi 29 avril 2013 à 19h12.

Attentat de Boston : drame et hystérie sécuritaire

Quatre jours après les attentats qui ont fait trois morts et près de 180 blessés, l'arrestation du jeune d'origine tchétchène et la mort de son frère abattu par la police, ont été l'occasion d'une impressionnante mise en scène policière dans Boston en état de siège. Toile de fond d'une campagne réactionnaire et raciste, d'une hystérie chauvine orchestrée par les médias.

Alors que plus de 9 000 policiers traquaient Djokhar Tsarnaev, la population de Boston avait reçu l'ordre de rester enfermée chez elle. Les transports en commun avaient été arrêtés, magasins et écoles fermés… Puis, à l'annonce de son arrestation, ce fut un déchaînement xénophobe, des manifestations de nationalisme flattées  par des médias empressés de dévoyer la légitime colère et la peur de la population par une campagne contre  le terrorisme islamique, puis conte le prétendu « djihadisme intérieur »…Obama lui-même était pourtant obligé de reconnaître : « Évidemment ce soir, il y a encore beaucoup de questions sans réponse. Parmi celles-ci, pourquoi de jeunes hommes ayant grandi et étudié ici, au sein de nos villes et de notre pays, ont eu recours à une telle violence ? » Qu'importe, les Républicains ont immédiatement utilisé la tragédie de Boston pour partir en guerre contre la politique d'immigration des USA actuellement en discussion au Sénat.Cette tragédie jette un éclairage inquiétant sur les tensions qui taraudent la Babylone capitaliste et la démagogie réactionnaire dans laquelle s'enferrent les classes dominantes, Obama lui-même.« Jour de honte »Ces deux jeunes frères d'origine tchétchène représentent un concentré de la tragédie de ce monde. Ils ont grandi enfants sur le terreau de la violence barbare engendrée par les armées russes de Poutine, la pauvreté qu'ils ont fuie, admis en 2003 à séjourner aux États-Unis en tant que réfugiés politiques. Enfermés dans la violence, confrontés à un monde qui les rejetait, leurs rêves et ambitions brisés, la folie les a entraînés dans la haine meurtrière.Suite au drame de Boston, la manipulation de l'opinion est d'autant plus choquante que, le mercredi qui a précédé l'attentat, la réforme des lois sur les armes, promue par Obama suite au massacre de l’école de Newtown, a été rejetée par le Sénat sous la pression des lobbys des marchands d'armes. Une défaite politique pour Obama qui a parlé d'un « jour de honte ».Au même moment, 77 des 166 prisonniers de Guantanamo étaient samedi en grève de la faim, 17 d'entre eux étant nourris de force, dans cette prison où a sévi la torture et qu'Obama n'a toujours pas fermée au mépris de ses propres engagements. Au même moment aussi, la gigantesque explosion survenue mercredi dans une usine d'engrais à West, au Texas, faisait 12 morts, 200 blessés, 50 maisons détruites. Une usine qui aurait dû être l'objet d'une accréditation en… 2004 !Bilan terrible d'une société emportée dans la violence de l'exploitation, du racisme et de la xénophobie qui délitent les rapports sociaux et humains, d'une société qui s'enferme dans le mensonge sur elle-même tentant de fermer les yeux sur sa propre vérité, d'une société qui sème la violence et la haine parmi ses propres victimes, qui se retournent contre elle, sans espoir.Yvan Lemaitre