Publié le Vendredi 21 février 2025 à 19h00.

Belgique : Première mobilisation massive contre le gouvernement fédéral

Après presque huit mois de négociations et de théâtre politique en Belgique, la nouvelle coalition fédérale (N-VA, MR, Les Engagés, CD&V et Vooruit) qui va de la droite aux sociaux-libéraux en passant par les chrétiens démocrates, nommée « Arizona » en raison des couleurs politiques des partis qui la composent, a finalisé son accord de gouvernement fin janvier, avec la bénédiction du patronat. 

Son programme constitue une offensive antisociale de grande ampleur et rencontre déjà une résistance importante dans la population.

Déclaration de guerre sociale

Ce gouvernement et ses attaques s’inscrivent dans une tendance mondiale à l’extrême-droitisation. Pour maintenir leurs sources de profit et d’accumulation, les classes dominantes ne voient d’autre possibilité que de déposséder les travailleurEs, par la force, d’une série de conquêtes sociales. Or, pour que cette politique inhumaine soit acceptable, elle nécessite des boucs émissaires, même fantasmés. De là, les attaques médiatiques et politiques incessantes contre, pêle-mêle, les travailleurEs sans emploi, les « migrantEs » et demandeurEs d’asile, les musulmanEs, les « woke », les personnes ­transgenres, etc. 

L’« Arizona » prévoit une vague de mesures antisociales, sexistes et racistes d’une ampleur inégalée depuis des décennies : 22 milliards d’économies sur les travailleurEs avec ou sans emploi, avec ou sans papiers, et une minable petite taxe sur les plus-values pour tenter de faire passer la pilule. Quelques exemples de mesures : limitation des allocations de chômage à deux ans ; retour forcé au travail des malades de longue durée ; trois fois moins de places en centre d’accueil pour demandeurEs d’asile mais deux fois plus dans les centres fermés ; suppression de l’aide sociale pendant cinq ans pour les réfugiéEs, attaque contre les pensions de retraite qui a des effets en particulier sur les femmes, ou encore la répression des syndicats et mutualités. Tout en augmentant le budget pour la défense…

La résistance sociale s’organise

La réponse à cette déclaration de guerre sociale ne s’est pas fait attendre. Ce jeudi 13 février, 100 000 personnes ont marché dans les rues de Bruxelles à l’appel du front commun syndical. Une multitude de secteurs (syndicaux, féministes, anti­fascistes, écologistes, entre beaucoup d’autres) se sont mobilisés contre les attaques du nouveau gouvernement fédéral. Ce taux de participation remarquable constitue une véritable ­accélération de la tension sociale.

Cette première épreuve de force marque le départ d’un véritable plan d’action. Les directions syndicales ont annoncé une grève générale le 31 mars. Ce sera une étape décisive du rapport de forces, mais avant cela, nous plaidons pour que la mobilisation se poursuive, secteur par secteur : les travailleurEs de bpost mènent une grève combative depuis une semaine ; les cheminotEs, les sous-traitantEs d’Audi et les enseignantEs ont d’ores et déjà annoncé des grèves et des actions qui constituent les braises d’une mobilisation plus large. Il sera crucial que la grève féministe du 8 mars s’inscrive dans cette lutte contre l’« Arizona », en montrant l’impact néfaste des mesures sur les femmes ; de même pour les actions du 21 mars, journée internationale contre le racisme, qui seront l’occasion de dénoncer la politique migratoire meurtrière du nouveau gouvernement. La grève générale du 31 mars sera efficace si elle est soutenue par une large mobilisation populaire, par en bas, au-delà d’un simple arrêt de travail de 24 heures. Tout l’enjeu de ces prochaines semaines est que le mouvement de contestation continue de s’étendre et se déploie avec un objectif clair : la chute du ­gouvernement De Wever.

Mélodie Vandelook