Publié le Mercredi 13 décembre 2017 à 17h54.

Connecticut (USA) : victoire pour les employés du Hilton de Stamford

Les employéEs de l’hôtel Hilton de Stamford (Connecticut) viennent de remporter une écrasante victoire contre la direction en faisant reconnaître leur syndicat UNITE HERE par un vote, le 4 décembre, de 110 pour et 5 contre (sur 125 employéEs). Une victoire exemplaire.

Aux États-Unis, pour entamer une négociation collective portant sur les conditions de travail, il est nécessaire de disposer d’un syndicat qui parle au nom de touTEs les salariéEs. Pour avoir un syndicat, 51 % des salariéEs doivent se prononcer en sa faveur lors d’un vote dans l’entreprise. 

Une campagne intense

Pendant les trois semaines de la campagne électorale au Hilton, le conflit entre les salariéEs et les patrons a été à son paroxysme. D’un côté, le syndicat a organisé des réunions de salariéEs de manière constante, de tout l’hôtel mais aussi par département, des petites manifestations et happenings. De l’autre, la direction de l’hôtel a embauché des sociétés de conseil spécialisées dans la lutte antisyndicale avec des avocats, des psychologues, des vigiles armés : l’entreprise a dépensé plus de 1 million de dollars ! Elle a aussi convoqué les employéEs à des entretiens individuels en les soumettant à une intense pression psychologique pour qu’ils lâchent le syndicat.

La force des travailleurEs

La majorité des travailleurs du Hilton sont des femmes, généralement immigrées. Beaucoup viennent d’Haïti et de Colombie. Stamford est une ville riche, siège de plusieurs grandes entreprises qui profitent de la proximité de la ville de New York et de la fiscalité très avantageuse pour les entreprises du Connecticut. Comment ne pas faire le lien entre les millions de dollars qui sont brassés et la pauvreté des travailleurEs qui y triment ?

Pourquoi les employéEs voulaient-ils un syndicat ? À l’hôtel Hyatt situé dans la ville voisine de Greenwich, les femmes de chambre doivent faire le ménage dans 18 chambres par jour. Au Hilton, elles doivent en nettoyer 40 (!) par jour, devant parfois pointer comme si elles étaient sorties après les huit heures réglementaires et continuer de travailler sans être payées. La comparaison est la même pour tous les services. Mais la revendication principale des salariéEs, c’est d’être respectés par la hiérarchie, notamment avec ce chef qui aux cuisines insulte en permanence les employéEs. 

Une victoire qui en appelle d’autres...

La victoire des employéEs du Hilton de Stamford n’est pas seulement la leur mais aussi une victoire pour tout le mouvement syndical. À l’heure où plus des 3/4 des campagnes pour la reconnaissance d’un syndicat sont des échecs, où Trump est à l’offensive contre les droits sociaux et démocratiques, et où la bureaucratie syndicale, endormie par l’inaction, le soutien aux Démocrates et des salaires confortables, prétexte qu’il est impossible de gagner, le modèle de syndicalisme démocratique illustré par la lutte du Hilton doit donner confiance aux militantEs. Si le syndicat refuse de pactiser avec le patronat, si les salariéEs sont impliqués dans la prise de décision et sont moteurs dans la campagne, alors les millions de dollars dépensés pour lutter contre les travailleurEs ne font pas le poids.

Stan Miller