Publié le Jeudi 29 mars 2012 à 23h15.

Corse, condamnation politique d’Anne Laure Cristofari

Anne Laure Cristofari était poursuivie par la sénatrice maire UMP de La Valette (Var) et la société d’économie mixte de la ville (Semexval) dont celle-ci était PDG, pour avoir oser écrire dans Tout est à nous ! et sur le site de la Manca que cette société bâtissait des logements de standing à Calvi, avec la complicité de la mairie tenue par un cacique de l’UMP, au détriment des besoins de logements populaires. Mais qu’allait faire cette société varoise en terre de Corse ? Sinon pour spéculer comme bien d’autres sur les produits juteux du tout-tourisme de luxe dont des aménageurs liés à des milieux politico-mafieux faisaient leurs choux gras. C’était rappeler un contexte et non étiqueter la Semexval comme mafieuse. 

Plus que ce texte jugé diffamatoire et portant préjudice moral par les parties adverses, c’est l’action du Collectif contre la spéculation et pour le droit au logement de Calvi et ses premiers succès qu’il fallait faire taire, en frappant au portefeuille, pour un total de 26 000 euros, plus les dépens, plus publication. Excusez du peu. C’est cette dimension politique du procès qui avait été mis en lumière par les avocats d’Anne Laure, Me Pozzi-Pasquier considérant qu’il s’agissait pour les demandeurs de pénaliser le débat public et Me Prosperi ayant souligné que « les nouveaux envahisseurs » sont ceux « qui sont en quête de profits colossaux » sur le dos du peuple corse alors que les gens aux moyens financiers insuffisants ne peuvent pas se loger à des prix corrects. 

Le tribunal a pourtant condamné Anne Laure mais a singulièrement diminué la facture. 1 500 euros pour propos diffamatoires, assortis d’un sursis de cinq ans. Et 500 euros de dommages et intérêts chacun pour la Semexval et pour la sénatrice, sans frais de justice ni publication dans la presse locale. Grâce au soutien financier recueilli par le comité, celui-ci va pouvoir continuer son action contre les prédateurs. De ce point de vue, l’objectif central de Mme Hummel n’est pas atteint. C’est devant ce bilan contradictoire que le collectif calvais contre la spéculation a décidé de ne pas faire appel, procédure longue et onéreuse. Le comité remercie tous ceux qui en Corse et sur le continent ont apporté leur soutien politique et financier, dont les avocats qui ont défendu le dossier gratuitement.

Daniel Desmé

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