Publié le Mardi 18 juillet 2017 à 22h54.

Europe : le cocktail libéralisme-autoritarisme

Des milliers de Polonais ont manifesté ce dimanche 16 juillet contre des lois plaçant la justice sous la coupe du pouvoir. Mais le pouvoir polonais national-conservateur n’est pas en péril, et l’Union européenne se contente d’observations modérées. Elle sait pourtant être intransigeante sur ses règles en matière d’économie et de dépenses publiques, quitte à imposer de brutales réformes aux pays comme la Grèce qui ne s’y conformeraient pas. 

« Ce que je reproche à l’UE, c’est le deux poids, deux mesures entre les questions économiques et celle des valeurs. Quand il y a une infraction à la législation économique, la Commission instruit les dossiers. Alors que sur les questions des valeurs démocratiques et des droits humains, elle ne veut surtout pas froisser les gouvernements », souligne la députée européenne Marie-Christine Vergiat (élue Front de gauche). En fait, il n’y a pas de mystère derrière cette dissymétrie : le gouvernement polonais brutalise la justice et les droits des femmes, il ne veut aucun réfugiéE, mais, en revanche il sait se conformer aux règles austéritaires et libérales.

Le pouvoir hongrois suit une politique analogue à celle de la Pologne (avec encore plus de méthode) : réforme de la justice, prise de contrôle d’une partie des médias, clôture des frontières, criminalisation des demandeurs d’asile arrivant sur son sol, dérapages antisémites. De vagues procédures ont été lancées contre lui, mais pas de grosses difficultés en perspective : lui aussi ne commet pas de gros écarts en matière économique.

Les dérapages nationalistes ne sont pas la tasse de thé des technocrates de Bruxelles. Cependant, ce qui se passe en Hongrie et Pologne ne doit pas être considéré comme un pur phénomène exotique. Au-delà des traditions historiques, le cocktail libéralisme-autoritarisme est, avec des formes diverses, en train de se répandre un peu partout en Europe. La référence, selon les États, aux « racines chrétiennes », à la « mission » du pays, à la « défense des libertés », au « péril des migrants »... est utile pour essayer de créer un semblant de consensus autour de politiques conduites en fait au profit de minorités privilégiées.