Publié le Mercredi 7 juin 2017 à 10h03.

Faire face aux attentats et à la politique de Daesh

Après Manchester, une nouvelle fois, des personnes ont été tuées ou blessées à Londres au hasard lors d’une attaque revendiquée par Daesh (l’« État islamique »). De tels attentats ont été commis un peu partout dans le monde. Les médias occidentaux sont plus mobilisés par ceux perpétrés en Europe ou aux États-Unis, mais les actions les plus sanglantes frappent des pays à majorité musulmane : Pakistan, Irak, Afghanistan, etc.

Les auteurs de tels actes peuvent appartenir à des réseaux organisés, dont certains participants ont séjourné sur des terrains de guerre. Mais ils peuvent aussi être commis par un ou des individus isolés, sensibles à une propagande djihadiste aux canaux multiples, et qui passent à l’action sans en référer à une autorité. Même si pour ces derniers, les motivations peuvent être diverses, ces actions, au-delà de la forme qu’elles prennent, correspondent bien à une politique.

En effet, Daesh fait de la politique, non seulement dans le califat autoproclamé en Syrie et en Irak mais au niveau du monde entier. Il ne s’agit pas seulement de répondre aux incursions des « croisés » dans les territoires à majorité musulmane, même si ce facteur joue pour les attentats ayant frappé les États membres de la coalition occidentale en Irak et en Syrie. Daesh veut frapper tous les ennemis du « véritable islam » : chiites, chrétiens (Coptes en Égypte), « impies »...

Dans les pays occidentaux, il s’agit aussi de rompre le plus possible les liens entre musulmans et non-musulmans. De ce point de vue, en dénonçant le maire de Londres d’origine pakistanaise Sadiq Khan, Donald Trump fait le jeu de Daesh, comme le font tous ceux qui prônent des mesures discriminatoires à l’égard des musulmans ou considérés comme tels. 

Daesh rend par ailleurs un fier service aux politiciens qui veulent des mesures sécuritaires supplémentaires pour renforcer la surveillance et l’encadrement des populations.

La politique de Daesh ne peut donc être analysée comme seulement une réaction aux agissements impérialistes. Elle va directement à l’encontre du rassemblement des oppriméEs de toutes origines et de toutes confessions contre leurs véritables adversaires : l’impérialisme, le racisme, le capitalisme. Son influence doit être résolument combattue par toutes celles et ceux qui veulent changer le monde, sans céder à une quelconque union nationale avec ceux dont les actions de guerre contribuent à renforcer l’impact de la propagande djihadiste.

Henri Wilno