Les mobilisations avaient fait rage à Hong Kong en 2019. Le pouvoir local, qui était à l’époque en première ligne, avait dû retirer son projet de loi d’extradition, mais n’avait pas reculé sur les quatre autres revendications. Le mouvement s’était ensuite essoufflé face à l’ampleur de la répression et l’échec de la tactique de choc frontal avec la police.Mais le fleuve n’est pas pour autant rentré dans le lit. Au même moment, de nouvelles tactiques ont vu le jour, marquées par les élections locales du 24 novembre où l’opposition a raflé 81 % des sièges, et une prolifération exponentielle de nouveaux syndicats.Les mouvements sociaux ont ensuite stagné avec la pandémie, même si le début de celle-ci a été marquée par une grève sans précédent de cinq jours dans la santé publique.
Offensive liberticide
L’offensive liberticide reprend en ce moment de plus belle. Mais cette fois-ci le pouvoir de Pékin a relégué les marionnettes locales aux vestiaires et s’est placé en première ligne.
Le 28 mai, il a officialisé sa décision d’imposer très rapidement aux hongkongaisEs une loi permettant de réprimer toute activité considérée par lui comme « sécessionniste », « subversive », « terroriste » ou lié à une « ingérence étrangère ». En clair, un alignement sur nombre de règles en vigueur en Chine continentale.Le procédé utilisé est tout aussi grave que le contenu de ces mesures. Un organisme du pouvoir chinois a été chargé de rédiger un texte qui sera introduit de façon unilatérale dans celui servant de Constitution à Hong Kong. Toute la mise en place de cette politique liberticide est prise en charge depuis Pékin.Si cette décision du pouvoir de Pékin n’est pas bloquée, tout individu et toute organisation pourra être bâillonné, toute manifestation ou grève pourra être interdite. Il suffira pour cela au pouvoir de les étiqueter comme « sécessionniste », « subversif », « terroriste » ou lié à une « ingérence étrangère ». Il pourra en aller de même pour toute action de solidarité internationale.
La riposte s’organise
Jeudi 4 juin, la veillée annuelle de commémoration du massacre de Tiananmen de 1989 avait été vigoureusement interdite sous prétexte de Covid-19. Des milliers de personnes ont néanmoins bravé cette interdiction.
Samedi 6 juin, un appel à la grève a été lancé par la centrale syndicale HKCTU, et une série d’organisations syndicales non confédérées qui se sont créées suite aux mobilisations de 2019.
Ne voulant pas décider à la place des salariéEs, elles organisent à partir du 8 juin un vote sur l’organisation d’une grève d’avertissement de trois jours. La décision d’appeler à la grève résultera de deux conditions : un nombre de votantEs d’au minimum 60 000 salariéEs, un pourcentage de 60 % des suffrages exprimés en faveur de cette grève.
Une consultation comparable se déroule simultanément parmi les lycéenEs : le quorum retenu est de 10 000 élèves.