Jeudi 12 novembre, avec une mobilisation appelée par GSEE (confédération du privé) et ADEDY (fédération du Public) ainsi que par PAME (courant syndical du KKE) et les syndicats de base (expression du courant radical), la journée de grève nationale a été un succès.
On se souvient cet été du choc pour des dizaines de milliers de travailleurEs qu’a été le reniement de Tsipras de sa promesse de rompre avec les mémorandums et l’austérité. Mais on se souvient aussi de la surprise éprouvée par une partie de la gauche radicale de voir malgré tout Syriza reconduit au pouvoir lors des élections qui ont suivi. Dans ce cadre, la participation à cette grève (surtout le secteur public, le privé participant dans différents secteurs mais sans vague de fond) est un bon acquis pour la suite. La colère a fait place à la déception, et les slogans, notamment sur le refus que les banques s’emparent des résidences principales de nombreux ménages endettés, en étaient l’écho. Les mobilisations doivent s’amplifier dans les semaines à venir : en effet, les exigences de la troïka portent désormais sur l’urgence de casser encore plus la Sécurité sociale et les retraites. Et un enjeu déterminant pour la combativité et l’efficacité du mouvement social est la nécessité de s’en prendre réellement au mémorandums et aux mesures qui le traduisent en actes. Or, des obstacles existent.
Clarifier pour construire les mobilisations
Le premier, malheureusement classique, est celui de la division, entretenue par le KKE avec des arguments qui ont connu bien sûr une nouvelle vigueur avec la fin du discours radical de Tsipras qui a dévoilé la nature profondément réformiste de la direction majoritaire de Syriza. Le message du KKE est clair : maintenant, il ne vous reste plus qu’à rejoindre le seul KKE… Le discours d’une secte, certes grosse, mais une secte tout de même...Des clarifications seront nécessaires du côté des militants ouvriers qui continuent à suivre Syriza : si peu de cadres de Syriza se sont risqués dans les manifs, le soutien officiel de sa direction à la grève était que celle-ci va aider le gouvernement à faire pression sur la troïka. Un tel enfumage peut-il convaincre beaucoup de travailleurs qu’il faut continuer à faire confiance à Tsipras ?Du côté de l’ex-gauche de Syriza regroupée dans Unité populaire, des clarifications sont aussi indispensables. D’abord parce que la coexistence avec Syriza au sein d’une même tendance syndicale (META) va poser de plus en plus de problèmes. Mais aussi parce qu’avant même la scission, il était parfois difficile de voir la différence dans le comportement syndical bureaucratique des uns et des autres (ainsi l’accord au printemps dernier pour que les caisses sociales donnent leurs fonds au gouvernement afin qu’il puisse honorer ses promesses de remboursement de la dette) ! Et aujourd’hui, dans certains secteurs (banques, Banque postale, direction de OLME…), comme le note le journal Prin (du NAR, le principal groupe de la gauche révolutionnaire), Unité populaire est aux côtés de Syriza dans une absence de critique du gouvernement.Ce qui sera décisif sera la dynamique des syndicats de base, bien fournis dans les manifestations du 12, et leurs débats autour des questions d’orientation et de construction. Une réunion a déjà eu lieu avant la grève, débouchant sur la volonté d’une meilleure coordination des luttes. Un appel large à une nouvelle réunion ouverte est issu de cette première rencontre prometteuse.
D’Athènes, A. Sartzekis