Publié le Jeudi 12 février 2015 à 12h28.

Grèce : après les indignés, le mouvement des endignés !

Indignés ou '“endignés”' ? Certes, la différence, si le 2ème mot existait, serait mince, car à l'époque déjà le mouvement qui avait envahi les places de la Grèce en 2011 était motivé et par la colère et par un refus de se voir réduit à l'état de pauvreté et d'esclavage. Et le mouvement qui mercredi 11 a pour la seconde fois en 6 jours occupé quelques grandes places du pays agit toujours sous le coup de la colère, face aux diktats européens, mais il affiche aussi fermement sa volonté de dignité en affirmant que le vote du peuple grec doit être respecté, que cela plaise ou pas à Junker qui place les réglements de l'UE au dessus des procédures démocratiques !

Et donc, comme le jeudi 5, un appel lancé sur les réseaux sociaux a convoqué des rassemblements dans plusieurs villes grecques : 3000 à Patras, 10 000 à Salonique, et à Athènes, 15 000 personnes ont tenu la place Syntagma pendant 3 heures, malgré le froid et la neige autour d'Athènes. Soit 3 fois plus que la fois précédente.

Ici, le rassemblement avait été étiqueté de soutien au gouvernement, ce qui avait renforcé le KKE (PC grec) dans sa condamnation méprisante de tels rassemblements par les réseaux sociaux. De fait, cette manifestation est à relier aux sondages qui indiquent qu'en ce moment, environ 80 % de la population soutient les initiatives du gouvernement face au blocus européen. Et beaucoup de gens étaient venus effectivement soutenir le gouvernement. Mais par ailleurs, il suffisait de lire les banderoles pour humer la température : ''Effacement de la dette, maintenant !'', ''On ne vend rien et on ne paie pas la dette !'', ce qui n'est plus la ligne de Syriza. Antarsya, un des seuls cortèges identifiables, condamnait de son côté l'Europe des banquiers. Et donc, oui, un air de place des Indignés : pas ou peu de mots d'ordre. Coexistence sur le haut de la place d'Antarsya et des jeunes de Syriza à côté de la droite nationaliste (au gouvernement...) d'ANEL. 

Cette initiative réussie, deux semaines après la victoire électorale de Syriza, met en avant l'importance de la solidarité dans le processus actuel, d'autant qu'en même temps que se déroulaient ces rassemblements en Grèce, la même chose avait lieu à Londres, à Paris, à Bruxelles …. 

Cependant, il serait peut être dangereux de relancer dans les formes de 2011 un mouvement comme celui des Indignés, dont il faut rappeler qu'il avait aussi permis une apparition publique de la périphérie de Chryssi Avgi, avant sa percée électorale. Mobiliser de manière indépendante du gouvernement sur les axes sociaux prioritaires pour lesquels les annonces faites doivent être tenues, voilà la perspective, qui devra passer par des manifs résolues et plus simplement par ces initiatives ! 

Cette voie s'est concrétisée par les travailleurs de ERT-open, de la radiotélévision publique fermée il y a exactement 20 mois et qui ont maintenu de façon autogestionnaire les émissions dans toute la Grèce : un peu avant de se joindre a Syntagma, ils avaient organisé une manifestation battante devant le siège de ERT pour réclamer l'ouverture immédiate du service public à partir du réseau maintenu autogestionnaire de leur lutte!