Avec la fédération du public ADEDY, la direction de la confédération syndicale du secteur privé GSEE ne pouvait pas faire moins qu'appeler à une nouvelle journée de grève générale le jeudi 20 février. Après les réquisitions de travailleurs en lutte, le gouvernement mijote désormais une atteinte majeure au droit de grève, et le 3 mars, la troïka FMI-UE-Banque centrale européenne va contrôler les comptes dans le but de supprimer 25 000 postes dans le secteur public et d'accélérer les privatisations. Tout cela avant que la troïka intérieure (droite, PASOK et DIMAR) n'impose à coup sûr de nouvelles mesures.Dans ce climat, François Hollande était venu (avec des patrons de boîtes françaises…) en visite éclair en Grèce la veille de la grève « pour encourager le gouvernement de coalition (…) parce qu'il fait un travail courageux ». Quel courage en effet de faire monter le chômage à 27 %, de réduire une partie de la population à la survie et en prime de criminaliser les résistances !Travailleurs, paysans, étudiants…Ce gouvernement a raison d'être inquiet. La colère des travailleurEs s'est encore massivement exprimée le 20 février : grève suivie à 100 % dans les chantiers navals, les transports (sauf le métro, où la réquisition continue), les raffineries, les ports (promis à la privatisation). À 90 % dans la construction, la sidérurgie, l'hôtellerie, les entreprises publiques… La revendication centrale était le maintien des conventions collectives, dont le patronat et son gouvernement aimeraient bien se passer. Dans tout le pays, de grosses manifestations, avec des centaines de milliers de travailleurEs dans les rues, et dans plusieurs villes des cortèges de paysans, actuellement en lutte contre la baisse dramatique de leurs revenus. En effet, ce gouvernement veut faire baisser le prix de la production, et donc augmenter les frais des paysans : essence pour les tracteurs… Aussi, dans différentes régions – Lamia, Larissa, Thessalonique, Serrès – de puissants barrages ont été installés par les agriculteurs. En Crète, une chaîne humaine de plus de 15 km a été formée par les habitants de la région de Lassithi, venus jusqu'à Hiraklio pour crier leur colère, car privé de leurs écoles, hôpitaux, services publics…Quelle issue à la crise ?À Athènes, au moins 50 000 manifestantEs étaient dans la rue, répartis en deux cortèges (comme toujours , malheureusement…). La manifestation était moins battante que les précédentes, et il ne faut pas sous-estimer le découragement par rapport aux défaites encaissées ces derniers mois. En même temps, la forte participation à la grève et aux manifs rappellent le rejet de masse de cette politique de misère, et les travailleurs du métro qui n'étaient pas réquisitionnés ont été fortement acclamés pour leur grève, certes cassée par le gouvernement mais déterminée. Un nouveau secteur est aujourd'hui à suivre : les étudiantEs des IUT (TEI en grec) menacés de fermeture, qui luttent pour leur maintien, avec souvent un large soutien des populations locales.Dans cette situation, le gouvernement redoute une véritable explosion sociale, et prend donc toutes les mesures – y compris la tolérance envers les nazis de Chryssi Avgi dont il peut user comme supplétif – pour terroriser la population qui résiste, et cela dans une légalité fort douteuse. Des tiraillements apparaissent de plus en plus fort en son sein, et des cadres du Pasok commencent à regarder du côté de Syriza, dont la direction (Synaspismos, réformiste) n'exclut rien. La construction d'un pôle anticapitaliste de masse, à partir d'Antarsya et de groupes à gauche du Synaspismos, sera décisive pour une issue politique de gauche à la crise.D'Athènes, A. Sartzekis
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Faujour