Publié le Jeudi 16 juillet 2015 à 13h53.

Grèce : Éviter le fatalisme qui conduit à la catastrophe

La netteté du Non populaire et de classe du 5 juillet était un mandat très strict : pas question de céder aux chantages de la troïka ! Or, c’est tout l’inverse qu’a effectué le gouvernement Tsipras : de l’art de gâcher une occasion historique, qui en outre clarifiait le paysage politique, entre la droite et le Pasok, les nazis hors jeu et le sectarisme du KKE sanctionné. Toute la semaine qui a suivi, la gauche sociale et politique a lancé en Grèce des mobilisations pour traduire la victoire du Non en rupture avec la logique des mémorandums. Ces initiatives ont pu réunir du monde, mais guère au-delà des militantEs, comme on l’a vu lors des rassemblements du vendredi 10 et dimanche 12.

Soulagées de voir que le Non massif qui faisait trembler l’Europe du capital n’était pas mis à profit par le gouvernement grec, les instances européennes ont donc accentué leurs attaques criminelles, pour aboutir à « l’accord » de lundi, enfonçant le pays un peu plus dans la misère et la perte de souveraineté. Sans s’avancer sur les réactions des prochains jours, on constate que le résultat de cette capitulation est pour l’instant terrible : consternation dans les rangs organisés et chez les sympathisantEs de Syriza, avec perspectives soit de démissions soit d’exclusions pour les ministres ou députés qui ont voté Non vendredi dernier, et qui s’apprêtent à refuser le nouveau diktat européen ; Possible scission et constitution d’un groupe indépendant autour de la Plateforme de gauche de Syriza...

Construire des mobilisations unitaires

L’avenir du gouvernement semble mal engagé : comme l’écrit une camarade d’OKDE-Spartakos (IVe Internationale), « Le gouvernement de la gauche, dont l’élément principal est Syriza, le gouvernement dit anti-mémorandum, est déjà tombé ». Mais bien plus largement, on voit un paradoxe : des partisans du Oui félicitent Tsipras pour avoir sauvé la Grèce du « Grexit », ce qui reste d’ailleurs à voir dans la durée, l’Europe de la réaction ne se contentera peut-être même pas de cette reddition. Le ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative Katrougalos se félicite de cet accord, car « ce qui change tout, c’est qu’il sera géré par un gouvernement Syriza-Anel »... Sans commentaires.

En face, le peuple de gauche grec est hésitant, entre fatalisme (Tsipras n’avait pas le choix...) et incrédulité sur des solutions possibles de gauche, la bourgeoisie apparaissant trop forte et Syriza radical dans ses discours mais incapable de prendre des responsabilités.

Dans ce climat délétère, il est important de résister, en proposant, comme le fait Antarsya, des mobilisations unitaires s’appuyant sur le formidable Non à l’austérité. Mais il faut élargir au plus vite le mouvement contre la dette et l’austérité, seule perspective crédible politiquement. Aujourd’hui, face aux mesures à venir et au risque même que soient annulées des améliorations récentes (réembauche des femmes de ménage du ministère de l’Économie, réouverture de la télé publique...), la fédération syndicale du secteur public Adedy appelle à la grève mercredi 15 juillet, un acte important dans une phase cruciale pour les travailleurEs de Grèce et d’Europe. Face à la nouvelle tentative d’assassinat contre la Grèce, la riposte doit se lancer au niveau européen, dans les quartiers et les entreprises !

D’Athènes, A. Sartzekis