Publié le Jeudi 27 octobre 2011 à 11h11.

Grèce, la mobilisation monte d’un cran !

La grève générale des 19 et 20 octobre a été un véritable succès, mais qui n’a pas empêché le Parlement de voter de nouvelles mesures d’austérité. La seule solution serait la grève reconductible et auto-organisée.

Augmenter la note de la Grèce d’un cran, telle devrait être l’appréciation d’une agence de notation ! Car à l’occasion de la grève générale de cette semaine, on a pu voir la véritable manifestation des indignés : alors que le rassemblement de samedi, dans le cadre de la journée mondiale, avait réuni peu de monde, mercredi 19 octobre, à l’appel de GSEE et ADEDY (confédération du privé et fédération du public), au moins 300 000 (500 000 selon les organisateurs) manifestantEs ont occupé le centre d’Athènes et des marées humaines ont déferlé dans tout le pays : 60 000 à Thessalonique, des foules en colère à Patras, Larissa, et dans des îles comme la Crète et Chios ! Le fait que la majorité des commerces se soient associés à la grève est un signe très fort de la colère mais aussi du souci de se lier aux organisations ouvrières. Ainsi, le 19, on peut dire que la grève a vraiment totalement bloqué le pays, avec une participation aux manifs qui renvoie aux chiffres des années 1970 ! Et la journée de 24 heures s’est étendue à 48 heures devant la colère massive, sur fond de grèves très suivies (nombreuses journées dans les transports, grève totale des éboueurs, occupations durables de ministères…). Devant une telle combativité, les directions syndicales de tout poil sont obligées de durcir leur discours : « Les crimes perpétrés contre le peuple au nom du prétendu sauvetage du pays continuent », observe le secrétaire de GSEE (direction à majorité Pasok), N. Kioutsoukis.À AthènesDans la capitale, le 19, on ne pouvait que jubiler devant l’événement ­: un an et demi après les premières mesures anti-­ouvrières qui se sont multipliées depuis mai 2010 et plongent les habitants dans la misère, la radicalisation était perceptible un peu partout, mais surtout par le nombre de personnes mobilisées. La moindre petite section syndicale présente était suivie de dizaines de travailleurs, le syndicat des archéologues de la région athénienne regroupait des centaines de manifestants, et on ne parle pas ici des très très gros cortèges des syndicats à tradition de masse comme OLME (professeurs) ou DEI (électricité). Les slogans étaient centrés sur la dette que les travailleurs n’ont pas à payer, mais aussi sur l’exigence du départ du gouvernement Pasok. En fin de cortège, se trouvaient les rangs fournis d’Antarsya (coalition anticapitaliste), du mouvement « Den Plirono » (« Je ne paie pas », mouvement pour la gratuité des autoroutes et des transports), et de deux ou trois composantes de Syriza.

Le sentiment qui émerge est celui d’une force immense et les affrontements entre flics et différentes composantes (avec des jeunes mais aussi des moins jeunes !) n’ont pas entaché le succès de cette première journée de grève. Autre point important : même s’il a réuni beaucoup de monde dans sa fraction syndicale, le KKE (PC) et son courant PAME sont apparus comme très minoritaires dans la marée des cortèges. 

Mais au soir du 19, la seule question à se poser était la suivante : vaut-il mieux refaire une deuxième journée calquée sur la première (l’argument étant d’encercler le Parlement avant son vote de nouvelles mesures assassines) ou décider de bloquer le pays par la grève reconductible et auto­-organisée (la fermeture des magasins induisant l’idée du ravitaillement en cas de grève durable) ? Mais telle n’était évidemment pas la volonté des bureaucraties syndicales ou de PAME !Le 20, recul d’un demi-cranMoins de monde (50 000 minimum à Athènes) le 20 octobre, mais surtout, une confiscation de l’organisation par les responsables staliniens de PAME : peut-être pour se remettre en selle après leur très net effacement dans le rassemblement de la veille ? Toujours est-il que toute la logistique était entre leurs mains, et surtout, alors que beaucoup de monde était venu sur des bases radicales, la volonté du KKE était de protéger le Parlement, ce qui a amené très vite à des affrontements avec des jeunes. Si le KKE parle de « fascistoïdes » à leur propos et si on ne peut pas exclure la présence de provocateurs, il est sûr que l’attitude du KKE en garant de la démocratie bourgeoise ne pouvait que faire réagir bien des manifestantEs qui aimeraient justement faire tomber au plus vite cet outrage à la démocratie que représente le gouvernement Papandréou. Les affrontements ont été en partie arbitrés par les flics, et le soir du 20, on annonce la mort d’un manifestant, à la suite apparemment du gazage intensif.

T. Anastassiadis et A. Sartzekis