Cinq jours après la catastrophe ferroviaire qui a causé au moins 57 morts, dont 7 cheminotEs, près de Larissa, la seule préoccupation du gouvernement de Mitsotakis semble être de faire taire par tous les moyens l’immense colère populaire.
Alors que dimanche 4 mars le Premier ministre a tenté de demander un pardon solennel au peuple grec et aux familles des victimes, la réponse à ce piètre geste de son service de com’ avait déjà été donnée le 7 février par une union syndicale cheminote : « Nous n’attendrons pas l’accident qui vient, nous n’attendrons pas de les voir établir leurs constats en versant des larmes de crocodiles ». Car même si le chef de gare de Larissa en service le soir du 28 février a commis une erreur dramatique, il n’y a personne aujourd’hui pour dire qu’il s’agit d’une seule erreur humaine, comme l’a illico prétendu Mitsotakis, obligé ce dimanche de corriger sa première version qui le dédouanait de toute responsabilité. Dès mercredi 1er mars, les banderoles et les slogans refusaient la fatalité ou l’erreur humaine et dénonçaient un véritable crime, tant la catastrophe était prévisible, surtout depuis un an, où le quotidien ferroviaire était fait de graves incidents, de déraillements, de retards dus à moult problèmes techniques et au manque effrayant de personnel, aux conditions de travail.
« La privatisation tue »
C’est l’un des autres mots d’ordre des rassemblements et manifs : engagé pleinement depuis 2010 sur les injonctions de l’Union européenne, puis de la troïka, le tronçonnage du service public des chemins de fer OSE a non seulement permis à des sociétés privées de s’emparer à très bas coût du réseau des trains, mais il s’est accompagné d’une réduction monstrueuse des effectifs et d’un désengagement de l’État. Entre autres résultats : un manque de personnel qualifié et un désintérêt total pour le bon fonctionnement du transport ferroviaire, dont la non-installation dans le nord de la Grèce des systèmes modernes de commande à distance et de signalisation lumineuse (exigés pour 2020 au plus tard), et dont le fonctionnement aurait évité le terrible accident.
Une colère qui enfle
Tout cela (res)surgit depuis le soir de la catastrophe, et l’immense colère s’exprime dans tout le pays par de massifs rassemblements et des manifs. La jeunesse scolarisée est d’autant plus révoltée que de nombreux jeunes figurent parmi les victimes, et elle se mobilise, avec des occupations d’établissements, autour de la phrase habituelle des parents ou des proches à leur enfant ou compagnon/compagne : « Préviens-moi quand tu seras arrivéE ». Cette colère est aussi le fruit de quatre ans de violente répression antijeunes. Tout cela fait très peur au gouvernement, qui ce dimanche a encore lancé ses flics réprimer violemment un rassemblement de près de 20 000 personnes au centre d’Athènes, ce qui n’a pas empêché bien des participantEs de former ensuite une très grosse manif scandant « Nos morts, leurs profits ».
150 000 manifestants à Athènes le 8 mars
Dernière minute du 8 mars : les grèves et les manifs prévues à l’occasion du 8 mars ont donné lieu ce mercredi à d’exceptionnelles manifestations, car cette date a été massivement saisie pour exprimer toutes les colères, pour les droits des femmes (en particulier contre les féminicides), contre la vie chère et les simagrées du « panier de la ménagère » mises en scène par le ministre d’extrême-droite du Développement, et bien sûr pour exprimer une colère loin de faiblir après la catastrophe ferroviaire et les tentatives du gouvernement Mitsotakis pour une nouvelle fois étouffer sa politique forcenée de privatisations et de cadeaux aux copains. Devant le Parlement grec, on pouvait entendre : « Le peuple n’oublie pas, Mitsotakis ordure ! » Juste quelques chiffres pour donner une idée de la combativité massive : 150 000 manifestantEs à Athènes, 50 000 à Thessalonique, 15 000 à Larissa, ville proche de la tragédie ferroviaire de Tèmbi, 10 000 à Ioannina…